Autorisé il y a un an par l'État, le nouveau projet de contournement routier du village touristique de Beynac-et-Cazenac, dans le Sud-Ouest, dossier qui enflamme les esprits depuis 30 ans, a été censuré jeudi par le tribunal administratif de Bordeaux.
Le 5 novembre 2024, le préfet de Dordogne avait délivré l'autorisation environnementale relative à ce projet porté par le conseil départemental.
Une précédente version avait déjà été retoquée par le tribunal administratif de Bordeaux en 2019, mettant à l'arrêt le chantier d'un pont qui avait commencé en 2018 - la cour administrative d'appel avait ordonné sa démolition en 2022.
Le nouveau projet vise à créer une "boucle multimodale" d'accès aux deux rives de la vallée de la Dordogne pour contourner ce village de 500 habitants, classé parmi les plus beaux de France avec son château médiéval perché sur une falaise dominant un méandre de la rivière.
Les partisans d'une déviation routière affirment vouloir désengorger et sécuriser la commune, soumise à un important trafic de véhicules durant la saison touristique, quand ses détracteurs mettent en avant la préservation d'un site historique et de l'environnement.
Le tribunal administratif de Bordeaux, saisi par deux associations et des personnes physiques et morales opposées de longue date au projet, a précisé dans un communiqué avoir annulé l'autorisation préfectorale "pour méconnaissance de l'autorité absolue de chose jugée".
Les juges ont considéré que la route visée par le projet était identique à celle dont la réalisation avait été autorisée par un précédent arrêté de 2018, annulé par le tribunal en 2019. Et que la halte ferroviaire prévue dans le nouveau projet, de même que la mise en place de liaisons cyclables et de navettes électriques, "ne modifiaient pas substantiellement" celui qui avait alors été retoqué.
Dans un rapport publié en février 2025, la Chambre régionale des Comptes (CRC) de Nouvelle-Aquitaine avait pointé "un manque de prudence" du conseil départemental de Dordogne, présidé par le socialiste Germinal Peiro, dans la conduite de ce projet.
Qu'il soit abandonné ou finalisé, la CRC avait alors estimé son coût entre 41 millions et 63 millions d'euros, pour un budget initial de 37 millions.