Devant les députés, Hollande et Sarkozy défendent leur bilan sur le nucléaire

Les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont posés jeudi en promoteurs du nucléaire durant leur mandat, en se défendant devant les députés d'être comptables des difficultés qui plombent aujourd'hui le parc de réacteurs français.

La commission d'enquête parlementaire lancée en octobre 2022 à l'initiative des députés LR pour "établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France" a clos jeudi ses travaux avec l'audition rarissime d'anciens présidents, pendant plus de cinq heures.

Sans surprise, l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy (2007-2012) a d'abord déroulé un plaidoyer en faveur du nucléaire, défendant toutes les décisions prises en ce sens pendant son mandat, comme le développement des EPR. "Je voulais que la France non seulement soit en autonomie énergétique, mais puisse exporter", a notamment soutenu l'ancien président.

"Quelques semaines après" l'accident de Fukushima provoqué par un tsunami au Japon le 11 mars 2011, en annonçant que la France allait "continuer à investir dans le nucléaire pour la production d'électricité, je provoque un tollé", a-t-il exposé. "Je décidais de lancer un audit de sécurité sur tous les équipements nucléaires, en plus de la (maintenance) décennale", a-t-il ajouté.

"L'investissement d'EDF dans les centrales a été triplé à ma période, je ne laisserai pas dire qu'EDF a bradé l'entretien des centrales, car s'il l'avait bradé, l'autorité de sûreté n'aurait-elle pas protesté?", a-t-il poursuivi.

Depuis fin octobre 2021, EDF doit jongler avec des problèmes de fissures dans ses réacteurs qui ont lourdement perturbé sa production nucléaire en 2022, tombée à 279 TWh, son niveau le plus bas depuis 30 ans.

Invité à s'exprimer sur les difficultés d'EDF, François Hollande a évoqué une "addition d'incidents", excluant tout lien entre la baisse de la production et un "défaut d'investissements" ou des "décisions politiques" remontant à 10 ans, alors que les députés LR critiquent régulièrement sa politique, ainsi que le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, en raison de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.

Pendant la campagne présidentielle 2012, Nicolas Sarkozy et François Hollande s'étaient affrontés sur le nucléaire lors du débat d'entre-deux-tours. Le président sortant avait accusé le socialiste d'avoir "sacrifié" cette industrie pour "un accord misérable" avec les Verts, prévoyant la fermeture progressive de 24 centrales. François Hollande avait lui affirmé s'être affranchi partiellement de cet accord en revendiquant un mix énergétique entre nucléaire et énergies renouvelables.

"J'avais pris l'engagement de ne fermer aucun autre réacteur que Fessenheim durant mon mandat", s'est défendu notamment M. Hollande en relativisant aussi la portée de cette fermeture, représentant "un dixième" (10 à 12 TWh) de la perte de production d'EDF.

nal/uh/sp

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