Deux-Sèvres: tracteurs, hommes et moutons contre une "méga-bassine"

Des centaines d'opposants aux projets de "méga-bassines" ont investi mercredi après-midi le chantier d'une de ces réserves d'eau géantes à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) pour dénoncer un "hold-up sur l'eau", a constaté une journaliste de l'AFP.

Les manifestants ont dénoncé la captation de l'eau au profit d'une minorité de gros exploitants, qui cultivent notamment du maïs, plante très gourmande en eau, au détriment de petits paysans.

L'occupation s'est déroulée dans le calme, à l'exception d'un bref moment de tension où quelques jeunes ont lancé des pierres en direction des gendarmes.

Le préfet des Deux-Sèvres Emmanuel Aubry a condamné "fermement" cette intrusion "sur un terrain privé" et déploré des "violences unilatérales commises par certains manifestants" qui ont fait trois blessés légers parmi les gendarmes, selon la préfecture.

Tracteurs, hommes et moutons avaient convergé depuis Niort, sur le site d'une de ces futures cuvettes, aux cris de "No Bassaran" ou "l'eau est un bien commun", à l'appel notamment de la Confédération paysanne et des collectifs Bassines non merci.

"Il faut gagner cette bataille ici. C'est une cause nationale", a lancé Julien Le Guet, porte-parole de Bassines non Merci, estimant qu'un millier de "bassines" attendaient d'être construites en France.

L'action du jour est symbolique: stopper pour quelques heures le chantier qui vient de débuter à Mauzé-sur-le-Mignon, où est creusée l'une des seize "bassines" prévues sur le bassin de la Sèvre niortaise, situées en majorité dans le département des Deux-Sèvres.

Ces réserves doivent être alimentées par l'eau des cours d'eau et des nappes phréatiques en hiver, et servir l'été quand les nappes sont au plus bas.

"La réalité, c'est qu'on assiste à une privatisation de l'eau au profit de quelques-uns et d'un seul modèle agricole", a déclaré Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne.

"Une bassine, comme celle de Mauzé, c'est en moyenne huit hectares, soit dix terrains de foot. Les 16 bassines prévues vont servir 220 exploitants, à peine 4 à 5% des agriculteurs du bassin niortais, c'est effarant", a-t-il affirmé.

Au pied des tractopelles à l'arrêt, sous la surveillance de quelques dizaines de gendarmes, les opposants ont brandi fumigènes et drapeaux, pour défendre "un autre modèle" de production.

Ils craignent que le système des bassines fragilise notamment les petits maraîchers qui n'auront pas accès aux bassines mais "seront soumis à des restrictions de pompages" en période aride, "d'autant plus que les nappes auront été pompées pendant l'hiver".

La Confédération paysanne a dénoncé sur ce sujet un "passage en force" de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, qui tient jusqu'à jeudi son congrès annuel à Niort.

Les accès au congrès étaient étroitement contrôlés par les gendarmes et l'identité de chaque visiteur contrôlée.

Le syndicat demande plus de réserves artificielles d'eau, dans un pays où moins de 3% de l'eau de pluie est stockée.

Au congrès, la présidente des régions de France et de la région Occitanie, Carole Delga, a souligné que sa région était favorable à la "création de nouvelles retenues quand nécessaire".

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