Les associations Générations Futures et Pesticide Action Network (PAN) Europe ont dénoncé jeudi la présence parmi les pesticides autorisés en Europe de substances chimiques considérées comme des PFAS, les "polluants éternels", et appelé à leur interdiction immédiate.
Les PFAS, qui doivent leur surnom au fait qu'ils sont très peu dégradables une fois dans l'environnement et, pour certains, à leur effet néfaste sur la santé, sont habituellement évoqués pour leur utilisation dans l'industrie ou dans des produits de consommation comme les revêtements antiadhésifs des poêles.
Mais l'agriculture utilise aussi ces substances: selon un rapport préparé par les deux associations, 12% des principes actifs synthétiques autorisés pour l'utilisation de pesticides dans l'Union européenne - soit 37 sur 306 - sont des PFAS.
En France, leur utilisation augmente, déplorent les ONG: selon leur analyse, les ventes de substances PFAS y ont triplé entre 2008 et 2021, atteignant alors 2.332 tonnes.
La substance la plus utilisée dans le pays est l'herbicide flufenacet. "Plus de 10.000 jours sont nécessaires pour décomposer la moitié" d'un de ses composés, le TFA, détaille le document.
L'Union européenne discute actuellement de restreindre les PFAS. Mais les pesticides PFAS sont exclus du champ de cette restriction car les produits phytosanitaires sont réglementés par leur propre texte.
Ce dernier exige bien "la fourniture de données spécifiques qui permettent une évaluation précise notamment de la persistance et de la toxicité", a indiqué l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) à l'AFP.
Mais selon les deux ONG, "l'évaluation actuelle des pesticides ne tient pas compte de la présence de PFAS (...) en raison de lacunes dans la mise en oeuvre du règlement européen".
Le règlement sur les pesticides ne considère pas, par exemple, que la persistance de ces produits en tant que telle est un obstacle à leur approbation.
Pour les ONG, l'évaluation menée par les agences sanitaires présente par ailleurs "de nombreuses failles".
Alors que l'UE a décidé d'interdire les produits chimiques à base de PFAS en Europe, il est "inacceptable (...) qu'elle n'ait pas pris de mesures spécifiques pour réduire la pollution due aux pesticides à base de PFAS", estiment Générations Futures et PAN Europe.
L'organisation française représentant les fabricants de pesticides, Phyteis, n'avait pas répondu dans l'immédiat à une sollicitation de l'AFP.