Une épidémie de rouille de grande ampleur survenue en 2019 dans la forêt des Landes était liée à la culture de pivoines à proximité, selon une étude scientifique à laquelle a participé l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
"La transmission d'agents pathogènes entre espèces végétales peut avoir des conséquences sanitaires et économiques importantes", souligne mercredi l'Anses, dont le laboratoire de santé des végétaux est intervenu pour confirmer le lien.
L'épidémie de rouille vésiculeuse s'était étendue sur 800 hectares de pins maritimes. Générée par un champignon, la maladie, qui se manifeste par l'apparition de pustules orangées et un roussissement des aiguilles, peut entraîner la mort des arbres, en particulier les jeunes.
Selon l'Anses, un lien a été rapidement suspecté avec une culture de pivoines implantée au milieu des pins quelques années auparavant
"Le champignon Cronartium pini infecte la plupart du temps deux espèces d'hôtes successivement. On sait que de nombreuses espèces peuvent servir de premier hôte, dont les pivoines. Ce premier hôte lui permet de se reproduire de façon sexuée, puis le champignon affecte un second hôte, dans le cas de cette épidémie, le pin", explique Renaud Ioos, chef de l'unité de mycologie au laboratoire de santé des végétaux.
Pendant trois ans, les scientifiques ont analysé 630 échantillons prélevés sur place, comparant les génomes des champignons retrouvés sur les pivoines et sur les pins: les deux étaient génétiquement identiques, conclut l'étude publiée sur la plateforme HAL.
À la suite d'un dialogue avec les exploitants, les pivoines ont été retirées en 2023, permettant de préserver les nouvelles plantations de pins. Depuis, l'incidence de la maladie a diminué et aucun cas n'a été signalé en 2025, souligne l'Anses.
Selon M. Ioos, "le champignon sera toujours présent dans l'environnement car de nombreuses herbacées peuvent lui servir d'hôte, mais comme celles-ci sont moins abondantes que le champ de pivoines, l'impact sur les pins est désormais limité".