Le ministère de l'Agriculture a ordonné la destruction de parcelles de betteraves sucrières dans le nord et l'est de la France après la détection de phénomènes de toxicité dans des champs traités avec un herbicide produit par la société Adama, a-t-on appris vendredi auprès du ministère.
Deux lots de ce produit dénommé "Marquis" ont été jugés "non conformes en raison de la présence, à des taux variables, de trois substances actives interdites dans l'Union européenne", a expliqué le ministère dans une note.
La "phytotoxicité" (toxicité d'une substance chimique pour la croissance des plantes) signalée fin mai et fin juin au ministère de l'Agriculture "serait liée à des erreurs lors des étapes de formulation et de conditionnement des produits réalisées dans les usines de la société Adama en Israël", selon le ministère. Des investigations sont en cours "pour connaître l'origine de cette contamination croisée lors du process de fabrication".
La liste des utilisateurs du Marquis se monte à ce jour à 273 planteurs, situés dans les Hauts-de-France et le Grand Est, selon le ministère.
Quelque 500.000 tonnes de betteraves sucrières vont devoir être détruites, a déclaré à l'AFP Cyril Cogniard, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Champagne-Bourgogne. Cette estimation, qui correspond à environ 1,5% de la production nationale, n'est pas confirmée par le ministère.
"Après la jaunisse, le gel, c'est un coup dur pour les planteurs, mais ils comprennent que le principe de précaution soit appliqué", a souligné Cyril Cogniard.
Le ministère explique avoir "fait le choix de la précaution", en ordonnant la destruction des parcelles traitées avec ces deux lots de Marquis, "en raison d'un risque consommateur non exclu" par l'Anses, l'agence nationale de la sécurité sanitaire.
Les planteurs reçoivent actuellement des lettres du ministère les informant de sa décision.
Selon Cyril Coignard, quelque 5.000 hectares sont concernés, dans la Marne, les Ardennes, l'Aube et l'Aisne.
"Le consommateur est 100% protégé, mais l'agriculteur est 100% touché, il doit tout détruire sans savoir s'il va être indemnisé", dit-il.
Des discussions avec la société Adama sont en cours pour trouver un "accord amiable", poursuit-il. Adama "a fait une erreur, les agriculteurs en ont été victimes, ils doivent être indemnisés rapidement", a-t-il poursuivi en évoquant aussi la possibilité d'actions en justice.
Certains agriculteurs avaient repéré que leurs betteraves étaient "freinées dans leur croissance", mais pour "la plupart, ça ne se voyait pas", dit-il.