Des opposants à un chantier sur un glacier alpin campent six jours à 3.400 m d'altitude

Des militants des Soulèvements de la Terre, qui occupaient depuis samedi une partie du glacier de la Girose (Hautes-Alpes) pour bloquer un chantier de téléphérique, sont redescendus vendredi pour "laisser la neige prendre le relais".

Une quarantaine de personnes se relayaient depuis six jours pour camper à quelque 3.400 mètres d'altitude sur ce glacier, a indiqué Rosa, porte-parole des Soulèvements, lors d'un point presse à La Grave, village situé au pied du glacier dans le massif de la Meije.

"Tout le monde va descendre dans la journée parce que la neige prend le relais demain pour bloquer les travaux", a-t-elle indiqué, accompagnée d'autres militants en tenue de montagne, ainsi que de représentants du collectif La Grave Autrement, qui conteste également depuis trois ans ce projet de remontées mécaniques.

Ce dernier, porté par SATA group, société qui gère les remontées de l'Alpe-d'Huez, des Deux-Alpes et de La Grave, consisterait à remplacer un téléski par un téléphérique sur le troisième tronçon du glacier, mais aurait, selon ses détracteurs, un lourd impact environnemental.

"On redescend aujourd'hui mais on est tout à fait déterminés à revenir au printemps si jamais le projet n'était pas abandonné", a poursuivi Rosa, précisant que des sympathisants veilleraient d'ici là à "empêcher la SATA de profiter d'une fenêtre météo pour reprendre des travaux cet automne".

"On a passé une très bonne semaine là-haut", et "on sait maintenant qu'on peut tenir" sur le glacier, a-t-elle souligné, ajoutant que "plein de gens" avaient émis le souhait de les rejoindre.

De premiers travaux préalables d'installation de filets pare-pierres et de lignes de vie pour les ouvriers ont eu lieu lors de la semaine précédant l'occupation, selon elle. Une fois installés, les militants ont occupé la zone de dépose hélicoptère, bloquant la suite des travaux, a-t-elle ajouté.

Plusieurs recours suspensifs déposés par les opposants ont déjà été rejetés par le tribunal administratif de Marseille mais un recours sur le fond "aura lieu dans les mois à venir", a indiqué de son côté Thierry Favre, porte-parole de La Grave Autrement. "Le permis de construire (du projet) est légal mais il n'est que provisoire", souligne-t-il.

Selon lui, l'alliance avec les Soulèvements de la Terre s'est faite "très naturellement". "On a été obligés de muscler un peu notre action devant le fait que la mairie et la SATA imposent leur projet sans vouloir en discuter", a-t-il expliqué.

Se joindre à ce mouvement "permet d'élargir le registre d'attention des Soulèvements de la Terre et de parler de ces montagnes et glaciers qu'on ne veut pas voir embarqués dans la même fuite en avant qu'on voit ailleurs", a déclaré de son côté Rosa.

Contacté par l'AFP, les porteurs du projet n'ont pas réagi dans l'immédiat.