Des journalistes de Femme Actuelle et Prisma s'opposent à "toute orientation" idéologique

Une SDJ (société des journalistes) a été créée par les rédactions des magazines féminins du groupe Prisma, dont Femme actuelle, pour s'opposer à une éventuelle "orientation" idéologique de ces titres désormais dirigés par des proches du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a-t-elle annoncé mardi.

La "volonté" de cette SDJ est de "se désolidariser collectivement de toute orientation religieuse, politique, économique... des magazines et exercer une vigilance sur les sujets à venir", explique-t-elle dans une lettre à la direction consultée par l'AFP.

Le déclencheur a été la parution en octobre dans Femme actuelle d'une interview du cardinal Bustillo, l'évêque d'Ajaccio, qui "a sidéré les journalistes de Prisma Media", selon la SDJ.

Cette interview, "réalisée par une journaliste extérieure à la rédaction, abordée sous un angle religieux et non sociétal, sort du cadre de la ligne éditoriale de Femme actuelle et soulève des inquiétudes sur l'avenir des titres", assure-t-elle.

L'interview était signée par Véronique Jacquier, journaliste de la chaîne CNews. Prisma, numéro un de la presse magazine en France, et le groupe Canal+, dont fait partie CNews, sont tous deux dans le giron de M. Bolloré.

"Ce choix unilatéral de la direction de l'entreprise a incité les rédactions de Dr. Good!, Femme actuelle, femmeactuelle.fr, Femme actuelle jeux, Flow et Prima à se fédérer en SDJ", poursuit-elle.

Au sein d'un média, une SDJ est une association dont les membres sont élus par les autres journalistes et qui veille aux questions de déontologie et d'indépendance.

Sollicitée par l'AFP, la direction de Prisma n'a pas répondu dans l'immédiat.

Depuis septembre, le directeur des rédactions de Prisma Media est Serge Nedjar, également patron de CNews, et le vice-président du groupe de magazines est Gérald-Brice Viret, également directeur général de Canal+ France.

Ce remaniement à la tête de Prisma, qui a suivi le départ de l'ancienne présidente Claire Léost, a suscité des craintes d'interventionnisme dans les rédactions du groupe, auquel appartient aussi le magazine économique Capital.

Depuis ce remaniement, "tout change, l'ambiance, la mainmise, l'interventionnisme", a affirmé à l'AFP un membre de la SDJ des magazines féminins de Prisma. "En tant que (journaux) féminins, on se pensait un peu à l'abri, et en fait non".

Début décembre, Prisma a racheté les magazines people Ici Paris et France Dimanche. Prisma fait partie de Louis Hachette Group, né fin 2024 de la scission de Vivendi.

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