Une cinquantaine d'élus de Savoie ont accroché vendredi leurs écharpes tricolores aux grilles de la sous-préfecture de Saint-Jean-de-Maurienne, dans une protestation symbolique contre l'annulation par la justice d'un plan cadre de développement de leur vallée et de ses montagnes.
Le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) approuvé par le Syndicat du Pays de Maurienne (SPM) en février 2020 a été intégralement annulé par le Tribunal administratif de Grenoble fin mai, suite aux recours déposés par trois associations, une première pour un SCoT de montagne selon ses promoteurs.
Notamment motivée par des erreurs d'appréciation et un "impact environnemental et patrimonial mal maîtrisé", cette décision stoppe notamment dix projets d'unités touristiques nouvelles (UTN) pour un total de 22.800 nouveaux lits, des liaisons inter-stations et l'extension de domaines skiables.
Elle a également déclenché la colère des élus de cette vallée alpine proche de la frontière italienne, qui a vu mi-juin une grande manifestation contre un autre projet, celui de la liaison ferroviaire grande vitesse Lyon-Turin.
"Nous avons été totalement désarçonnés par ce jugement (...) Nous souhaitons que l'Etat nous aide, nous soutienne pour rebâtir un SCoT évitant des interprétations et des jugements en défaveur du territoire et de ses populations", a protesté Yves Durbet, maire de La Tour-en-Maurienne et président du SPM.
Tourisme, mais aussi plan de transition énergétique, offre commerciale, armature urbaine: le projet devait compenser l'érosion du parc marchand de la vallée d'ici 2030, notamment en raison du réchauffement climatique.
"On ne s'attendait pas à l'annulation totale de notre SCoT, ça faisant huit ans qu'on travaillait dessus. On sait que la séparation des pouvoirs existe en France mais aujourd'hui on n'a plus d'outil de travail pour notre petite vallée", a déploré le maire de Val d'Arc Hervé Genon.
Dans un communiqué, France Nature environnement, à l'origine du recours, a fustigé l'attitude des élus, qui selon elle, "ont délibérément poussé un document de planification qui n'était que l'addition de projets d'aménagement et d'urbanisation sans fin des stations de ski".
Selon l'association, le rejet du projet "permet de préserver la vallée de la Maurienne de l'artificialisation excessive qui dévore les espaces naturels et agricoles à un rythme effréné". FNE dénonçait notamment les extensions de domaines skiables sur 125 hectares de sites vierges.
Désormais, a lancé M. Durbet, "l'objectif est de doter la Maurienne d'un SCoT solide, car sans ce document d'orientation, notre territoire est livré à lui-même avec des blocages à prévoir."