Des déchets du Grand-Paris recyclés sur le site d'une ex-raffinerie près de Rouen

Près de 900.000 tonnes de terres excavées sur le chantier du métro Grand Paris vont servir de remblai sur le site de l'ex-raffinerie Petroplus près de Rouen, a-t-on appris jeudi auprès du responsable du chantier normand.

Environ 350.000 tonnes ont déjà été importées par la Seine à Petit-Couronne sur ce site de l'agglomération rouennaise, où Amazon a un projet de vaste plateforme logistique sur 16 des 52 ha, a précisé Eric Branquet expert près la cour d'appel de Paris, à qui la société Valgo a confié le chantier normand.

Ces terres comprennent des sulfates à un taux autorisé (4.000 à 4.500 mg/kg environ) en raison des techniques prévues pour éviter leur migration dans l'environnement, précise M. Branquet. Une dérogation est nécessaire à partir de 1.000 mg/kg, selon l'Etat.

Non loin de là, à Cléon, l'utilisation de terres excavées du Grand Paris a fait polémique. Des journalistes de "Complément d'enquête" y ont trouvé un taux de 8.900 mg/kg, ce qui a suscité l'émoi de deux conseillers départementaux qui ont écrit en mars à l'Etat. 650.000 tonnes doivent y être déversés dans un lac qui jouxte la Seine et des nappes phréatiques, selon le courrier.

Les sulfates sont "une substance nocive pour l'homme dans l'eau potable", y rappellent les élus.

Mais à Petit-Couronne "les matériaux sont compactés" de sorte que "quand il pleut, l'eau ne pénètre pas et donc il n'y a plus de risque de mobilisation des sulfates", explique l'expert.

Et "la nappe phréatique sera à huit mètres sous nos pieds" après remblai, ajoute-t-il.

Les remblais sont destinés à aplanir le site et à élever le niveau du sol de 50 cm pour l'éloigner de la pollution résiduelle sous-terraine de la raffinerie.

Plus de 2.000 m3 d'hydrocarbure ont été pompés dans la nappe. Il demeure 100 m3 environ, précise l'expert.

Le "recyclage" des terres du Grand-Paris permet de ne pas prendre des terres naturelles qu'il faudrait en outre acheminer par camion alors que les remblais du Grand-Paris arrivent par la Seine, souligne M. Branquet.

Et Valgo peut économiser les 15 millions que lui coûterait des remblais non recyclés, précise-t-il.

La reconversion de la friche Pétroplus doit conduire à la création de 2.000 à 3.000 emplois sur le site. Les terrains font en effet l'objet de promesses de vente à plusieurs entreprises de logistique.

Le chantier du Grand-Paris doit produire 23 millions de m3 de terres excavées, selon l'Etat. L'ex-site Petroplus a besoin au total de 1,1 million de tonnes de remblai soit 750.000 m3.

clc/mas/zl