Des cours de soutien pendant les vacances pour "maintenir un lien avec l'école"

"Comment forme-t-on le futur simple ?" Huit élèves de Quatrième d'un collège très défavorisé de Paris ont suivi à distance cette semaine un cours de soutien gratuit, un dispositif qui permet de "maintenir un lien avec l'école".

"On ne va pas faire de miracle mais c'est mieux que rien". Cyrielle Gérard, professeure de français au collège Georges-Clémenceau à Paris (XVIIIe), classé Rep+, a répondu à l'appel du ministre de l'Education.

Début avril, Jean-Michel Blanquer invitait tous les enseignants volontaires à assurer des cours de soutien, rémunérés en heures supplémentaires, pendant la deuxième semaine des vacances de Pâques.

Une façon de raccrocher les élèves "perdus" ou en passe de l'être depuis la fermeture des écoles le 16 mars.

Cet accompagnement, leur disait-il, "sera un atout précieux pour réduire les fractures scolaires". La décision de rouvrir progressivement les écoles, à partir du 11 mai, est aussi présentée comme un moyen de lutter contre l'aggravation des inégalités dû au confinement.

En attendant, ces six heures de soutien scolaire, étalées sur une semaine, visent à reprendre les bases des "savoirs fondamentaux" pour les élèves du primaire (la lecture et l'écriture), et réviser le français et les mathématiques pour ceux du secondaire.

"Ces stages sont en particulier adressés aux élèves qui rencontrent des difficultés", explique Cyrielle Gérard. Dans son collège du quartier populaire de la Goutte d'Or, 45 jeunes sur 400 se sont inscrits. "C'est énorme", se réjouit-elle.

Mardi, huit élèves de Quatrième, puis trois de Sixième ont suivi sa "classe virtuelle".

Les élèves y participent via un chat, ou en prenant la parole derrière leur ordinateur. Ils peuvent facilement suivre les explications de l'enseignante, dont le visage n'apparaît pas sur l'écran: "pour le futur, on prend l'infinitif du verbe et on rajoute la conjugaison", leur écrit-elle. Le cours se veut participatif et ponctué de petits "challenges".

- "On est là pour eux" -

"De nombreux élèves vivent des situations compliquées, beaucoup ont dû se faire prêter des tablettes, tous n'ont pas une bonne connexion internet, loin de là", souligne la jeune prof de 27 ans.

Comme cet élève de Sixième, logé dans une chambre d'hôtel par le Samu social, qui doit faire un partage de connexion avec le téléphone de sa mère pour pouvoir suivre le cours. Cette dernière approuve: "Ca me rassure de voir qu'il peut garder un contact avec l'enseignante et ça lui fait une activité. Car avec le confinement nous restons entre quatre murs, comme des prisonniers".

Elève de Quatrième, Aminata, suit aussi ce stage de soutien, qui lui permet de "revoir certains points" qu'elle n'avait pas compris. Travailler seule en ce moment n'est pas facile: "on se déconcentre vite et j'ai deux petits frères et soeurs qu'il faut aider", explique-t-elle.

Ces cours ont pour l'instant été lancés dans les académies de la première zone des vacances scolaires. A Paris, près de 9.000 élèves s'y sont inscrits, sur un total de 325.000. Dans l'académie de Créteil, 20.700 élèves sur 910.000 doivent y participer. Dans l'académie de Montpellier, on recense 8.700 inscrits sur un total de 493.000.

Un goutte d'eau ? "Nous visons un public en difficulté scolaire, or de nombreux établissements scolarisant des élèves fragiles ont mis en oeuvre le dispositif", se félicite Sophie Béjean, rectrice de l'académie de Montpellier.

"Rien ne remplace le fait d'être en classe, mais c'est un des leviers pour limiter les effets de la distance avec l'école", ajoute-t-elle. "Cela permet d'éviter qu'ils décrochent totalement pendant les 15 jours de vacances".

"Au moins, on maintient un lien", estime de son côté Cyrielle Gérard. "A l'arrivée, les élèves n'auront peut-être pas le niveau souhaité mais ils se seront sentis soutenus". Le but de ces stages c'est "de leur montrer qu'on est là pour eux", ajoute-t-elle.