Des bactéries pour renforcer les digues

Toutes les solutions sont dans la nature... La Compagnie nationale du Rhône (CNR), concessionnaire du fleuve, expérimente dans son laboratoire de Lyon un procédé de renforcement des digues utilisant des bactéries et leurs propriétés chimiques.

Le biomimétisme - ingénierie qui s'inspire du vivant - est au coeur du projet Boréal (pour Biorenforcement des ouvrages en remblais) développé au Centre d'analyse comportementale des ouvrages hydrauliques (CACOH), sur le Port Edouard-Herriot au bord du Rhône.

La bactérie utilisée - "sporosarcina pasteurii" - a en effet la capacité naturelle de créer des cristaux de calcite pouvant agglomérer des grains de sable. Ce procédé est déjà utilisé dans le BTP par la société Soletanche Bachy, partenaire du projet.

Mais pour l'appliquer au renforcement des digues, et pallier notamment le phénomène d'érosion interne, il a fallu "lever le verrou" de son utilisation dans le domaine de l'hydraulique, une première mondiale, souligne Aurélie Garandet, ingénieure à la CNR.

Au sein du CACOH, un coeur de digue a été modélisé sur 8 mètres de longueur, 4 mètres de largeur et plus de 2 mètres de haut. "Cela nous permet de nous retrouver dans les conditions d'un chantier réel", explique Annette Esnault, cheffe de projet chez Soletanche Bachy.

Les bactéries, additionnées d'une solution calcifiante, ont été injectées dans différents matériaux et en seulement quelques jours, elles ont formé dans du sable un bloc d'environ deux mètres de diamètre. Selon Mme Garandet, elles pourraient remplacer à l'avenir le ciment et les résines injectées actuellement pour renforcer les digues, avec "l'avantage de conserver la porosité des sols pour permettre aux nappes phréatiques de circuler".

Pour un autre projet concernant la Loire, ce même laboratoire a reproduit à l'échelle 1/100e deux bras du fleuve et le pont de Bellevue près de Nantes, soit une maquette de 35 mètres de long. Face au phénomène de baisse de niveau du cours d'eau, il est envisagé de construire un ouvrage destiné à en ralentir l'écoulement et donc le charriage du sable, qui creuse le lit.

Grâce à cette maquette, les ingénieurs reproduisent l'écoulement de l'eau et étudient le comportement des grains de sable, remplacés pour l'expérience par des grains de plastique. "Une journée sur site représente une minute en laboratoire", estime l'ingénieur Damien Alliau, de la CNR.

"Notre expertise nous permet de travailler sur des ouvrages très ambitieux", se félicite Laurence Duchesne, responsable du CACOH, qui intervient aussi dans des projets internationaux comme les nouvelles écluses du canal de Panama ou le barrage d'Itaipu au Brésil.

Créé en 1936, il emploie 50 personnes.

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