Quelques routes et autoroutes restaient bloquées dimanche dans le Sud-Ouest par des agriculteurs mécontents de la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), au lendemain d'un face-à-face tendu entre manifestants et policiers à Auch.
Selon la gendarmerie, des blocages restaient en place dimanche matin sur l'A75, au Buisson (Lozère) et à Sévérac-d'Aveyron, l'A64 à Carbonne (Haute-Garonne), la RN88 à Baraqueville (Aveyron), près de Rodez, la RD824 Tartas (Landes) et la D834 Campet-et-Lamolère (Landes), près de Mont-de-Marsan.
De son côté, le coprésident de la Coordination rurale (CR) du Gers, Jérôme Courrèges, a affirmé à l'AFP que le barrage d'Ordan-Larroque, à l'entrée d'Auch, était toujours en place.
Selon une source policière, les agriculteurs y sont toujours présents, sans pour autant bloquer la circulation. En revanche, ils bloquaient dimanche en fin de matinée la RD1124 à Aubiet (Gers), à une vingtaine de kilomètres d'Auch en direction de Toulouse, selon cette source.
Samedi soir, un tracteur à "aspergé la façade du journal +La Dépêche du Midi+" à Auch, a indiqué la préfecture du Gers. Le conducteur a avancé vers les policiers, qui ont réalisé des "sommations avec sortie d'arme", poursuit-elle dans un communiqué, précisant que l'agriculteur a arrêté le moteur, avant d'être interpellé.
"Le calme est revenu très rapidement sur place et les manifestants présents ont rapidement engagé le nettoyage de leurs méfaits", affirme-t-elle.
"C'est honteux d'en arriver là, de braquer des agriculteurs", a déclaré à l'AFP Vincent Arbusti, porte-parole de la CR du Gers.
Pour le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, "de nombreuses manifestations spontanées ont pu se dérouler sans être entravées, permettant une expression revendicative large. Auch est le théâtre depuis plusieurs jours de dégradations significatives", écrit-il sur X , ajoutant que "les forces de l'ordre sont intervenues (...) dans le respect du cadre légal".
"Quand des gens, des agriculteurs, des conducteurs de tracteurs sont menacés par une arme, je comprends tout à fait l'émotion (...) Dans l'espèce, ça a duré trois secondes. Dès qu'il a coupé le moteur, les armes ont été rangées. Il n'y a eu aucune violence", a expliqué de son côté à l'AFP le préfet du Gers, Alain Castanier.
"De nombreux agriculteurs du Gers sont dans des situations très difficiles. Certains ont 300, 400 ou 500 euros de revenu par mois, en travaillant 60 heures par semaine. Je n'ai jamais connu une situation aussi difficile pour l'agriculture", a-t-il encore affirmé, ajoutant: "je comprends les manifestations, je ne comprends pas les dégradations".
Pour M. Courrèges, "à aucun moment le tracteur n'a poussé". "Et puis, on ne menace pas les gens avec des armes", a-t-il estimé.
Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation du virus en se basant sur "trois piliers": l'abattage systématique d'un troupeau dès la détection d'un cas, la vaccination et la restriction de mouvements.
Une gestion fortement contestée par une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat de la profession, classé à gauche) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à droite), qui rejettent cette stratégie d'abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté.