Dermatose: encore quelques barrages d'agriculteurs dans le Sud-Ouest

Plusieurs routes et autoroutes restent bloquées dimanche dans le Sud-Ouest par des agriculteurs mécontents de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), après un face-à-face tendu la veille à Auch.

En Aveyron, sur les barrages de Baraqueville, près de Rodez ou de Sévérac-d'Aveyron, les manifestants ont affirmé à l'AFP dans l'après-midi vouloir continuer la mobilisation.

"On a bloqué à Sévérac, parce que c'est un point de clé pour l'Aveyron. Ici se croisent la Nationale 88 et l'A75 (...) On sait très bien qu'on embête tout le monde, les gens qui travaillent et tout. Mais comment faire pour se faire entendre aujourd'hui ?", a déclaré Fabien Rivière, trésorier de la Coordination rurale aveyronnaise.

Des blocages étaient aussi en place dimanche matin sur l'A75, au Buisson (Lozère), sur l'A64 à Carbonne (Haute-Garonne), la RD824 Tartas et la D834 Campet-et-Lamolère, près de Mont-de-Marsan (Landes).

Samedi soir, un tracteur a aspergé la façade du journal La Dépêche du Midi à Auch, selon la préfecture du Gers.

Le conducteur a avancé vers les policiers, qui ont réalisé des "sommations avec sortie d'arme", selon un communiqué. L'agriculteur a finalement arrêté le moteur, avant d'être interpellé.

"Le calme est revenu très rapidement sur place et les manifestants présents ont rapidement engagé le nettoyage de leurs méfaits", toujours selon les autorités.

"C'est honteux d'en arriver là, de braquer des agriculteurs", a déclaré à l'AFP Vincent Arbusti, porte-parole de la Coordination Rurale du Gers, CR32.

Pour le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, "de nombreuses manifestations spontanées ont pu se dérouler sans être entravées, permettant une expression revendicative large".

En revanche, selon lui, "Auch est le théâtre depuis plusieurs jours de dégradations significatives" et "les forces de l'ordre sont intervenues (...) dans le respect du cadre légal", a-t-il défendu sur X.

"Quand des gens, des agriculteurs, des conducteurs de tracteurs sont menacés par une arme, je comprends tout à fait l'émotion (...) Dans l'espèce, ça a duré trois secondes. Dès qu'il a coupé le moteur, les armes ont été rangées. Il n'y a eu aucune violence", a détaillé à l'AFP le préfet du Gers, Alain Castanier.

"De nombreux agriculteurs du Gers sont dans des situations très difficiles. Certains ont 300, 400 ou 500 euros de revenu par mois, en travaillant 60 heures par semaine", a-t-il ajouté disant "comprendre les manifestations" mais "pas les dégradations".

Dimanche soir, la CR32 a reproché à la ministre de l'Agriculture Annie Genevard d'être "responsable de la situation actuelle, avec la mise en place d'une politique sanitaire démesurée" et exigé des excuses officielles du Premier ministre, Sébastien Lecornu et de M. Nuñez "afin d'apaiser la situation et éviter tout risque de débordement".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation du virus de trois manières: abattage systématique d'un troupeau dès la détection d'un cas, vaccination et restriction des mouvements.

Une gestion fortement contestée par une partie des agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche) qui rejettent les abattages de troupeaux entiers.