Le député socialiste Philippe Brun a souhaité vendredi transformer la commission des finances de l'Assemblée nationale, dont il est vice-président, en commission d'enquête afin de comprendre le dérapage des finances publiques bien au-delà des prévisions, une situation selon lui "volontairement cachée" par l'ancien gouvernement.
"J'appelle à ce que la commission des finances se transforme en commission d'enquête, (...) pour pouvoir mener les auditions nécessaires des ministres", a expliqué le député socialiste sur franceinfo, précisant vouloir entendre l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "car un tel dérapage budgétaire, c'est du jamais vu dans notre histoire".
"Je crois qu'on nous a volontairement caché" le glissement des finances publiques, a poursuivi M. Brun. Le déficit public pourrait dépasser les 6% du PIB cette année, un chiffre largement supérieur aux 5,1% annoncés par l'ancien gouvernement, et bien sûr au seuil des 3% fixé par l'Union européenne.
Selon France 2, des notes internes de Bercy avaient pourtant alerté sur ce dérapage des comptes publics dès l'automne 2023. Interrogé par la rédaction, Bruno Le Maire a répondu dans un SMS énigmatique: "La vérité apparaîtra plus tard."
La transformation d'une commission parlementaire en commission d'enquête est permise par la loi. Pour accélérer le calendrier serré alors que l'Assemblée s'apprête à examiner le projet de budget 2025, Philippe Brun a proposé d'entamer les travaux pendant que le texte sera examiné par le Sénat, entre la fin du mois d'octobre et le début du mois de novembre. "On a quinze jours de répit, c'est le bon moment pour mener une commission d'enquête", a estimé le socialiste.
Le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a également assuré vendredi sur franceinfo qu'il souhaitait "que l'on sache pourquoi et comment cela s'est produit".
Eric Ciotti et son groupe parlementaire de l'Union des droites pour la République (UDR), associé au Rassemblement national, avaient annoncé mardi vouloir lancer une commission d'enquête sur la "dérive des finances publiques", afin de savoir si des "dissimulations" pouvaient être imputables aux gouvernements macronistes précédents.
Le Premier ministre Michel Barnier a pour objectif de "ramener le déficit à 5%" du PIB en 2025. Les mesures de redressement prévues par son budget représentent 60 milliards d'économie, dont 40 milliards de réduction de dépenses et 20 milliards d'impôts supplémentaires.