Un coup sec suivi d'un "poc". La batterie, frappée par un marteau, dégage de la fumée et rapidement s'enflamme. A l'air libre, pas de risque d'explosion. Mais dans un endroit clos, la chaleur de la batterie aurait pu enflammer le gaz.
Le crash test a lieu sur les quais de Seine, dans le village "batterie attitude" qui, pour une journée, accueille le public afin de le sensibiliser sur les dangers qui se cachent dans les appareils du quotidien.
Les batteries concernées, à lithium-ion, sont connues pour être celles qui font fonctionner les voitures électriques. Mais elles sont aussi présentes dans les téléphones, les enceintes, certains appareils ménagers ou les trottinettes électriques.
Mal utilisées, elles peuvent être à l'origine d'accidents de la vie courante.
"10% des Français ont déjà été confrontés à un incident de batterie lithium-ion", souligne Alain-Marc Chesnier, président de la commission Accidents de la vie courante d'Assurance Prévention, l'association de prévention de France Assureurs, qui a mené une étude en ligne auprès d'un échantillon de 1.000 personnes.
Le téléphone, appareil à batterie le plus utilisé par les Français, est aussi le plus concerné par les incidents (46%), suivi de l'ordinateur portable (10%) et de la batterie externe (7%).
Si elles ne représentent pas un risque majeur, les batteries lithium-ion peuvent parfois être source d'un départ de feu. Dans la nuit du 5 au 6 juin, un incendie ayant fait quatre morts dans un immeuble à Reims a été causé par une trottinette électrique qui a pris feu dans l'appartement.
"Si on a 40 millions de foyers en France et qu'il y a 19 batteries par foyer, ça fait presque un milliard de batteries" dans le pays, calcule Alain-Marc Chesnier.
"Et les usagers possèdent de plus en plus d'appareils équipés de batteries pour simplifier leur quotidien, comme les écouteurs sans fils", précise-t-il.
Alors pour éviter les accidents, plusieurs réflexes doivent être adoptés.
"Il ne faut pas recharger un appareil en son absence ou pendant la nuit", explique Adrien Ballet, chercheur en expérience utilisateur intervenant sur cette journée d'animation, "car si la batterie commence à chauffer, on ne le voit pas et on ne peut débrancher".
Autres conseils: éviter les chocs, les températures trop élevées, les chargeurs qui ne sont pas adaptés, et ne pas laisser une batterie se décharger au-dessous de 20%, ni se charger au-delà de 80%, pour ne pas l'user.
"Il faut également essayer d'acheter du matériel -appareils comme chargeurs- certifié aux normes européennes ou françaises", ajoute M. Ballet.
Pour Aline, 28 ans, ces gestes ne sont pas automatiques.
"Je charge mon téléphone pendant la nuit parce que je l'utilise toute la journée, et j'utilise parfois un câble qui n'est pas celui d'origine pour le brancher", avoue-t-elle.
La jeune femme, qui s'est arrêtée devant les stands pour en apprendre plus sur les pratiques à adopter, reste dubitative: "il y a forcément une dissonance entre la bonne pratique et l'habitude de vie, la simplicité".
Romain, lui, a bien pris note de tous ces conseils et pense arrêter de mettre son ordinateur à charger pendant la nuit.
Mais le quinquagénaire est surtout venu pour savoir quoi faire de ses vieux appareils électroniques.
"J'ai plusieurs téléphones et ordinateurs dont je veux me débarrasser, mais je ne sais pas où je suis censé les jeter et si leurs batteries sont recyclables", s'interroge-t-il.
Réponse: oui elles le sont.
C'est ce lui explique Jeanne Lepeintre, porte-parole d'Ecosystem, un organisme agréé par les pouvoirs publics pour organiser le traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques.
"Il est important de ne pas les jeter dans n'importe quelle poubelle, car les batteries peuvent provoquer des feux dans les centres de tri", met en garde l'experte, "il faut donc privilégier les bornes en magasin ou en déchèterie".
Selon elle, les métaux à l'intérieur des batteries sont réutilisables à 80%. La batterie d'un téléphone usagé, d'un aspirateur cassé ou d'une vieille tablette peut donc être récupérée et utilisée pour fabriquer des articles de quincaillerie, des vélos, et même des couverts.