Déchets radioactifs: le coût du projet d'enfouissement Cigéo revu en hausse, jusqu'à 37,5 milliards d'euros

Le projet Cigéo d'enfouissement des déchets nucléaires les plus radioactifs à Bure (Meuse) pourrait coûter au total entre 26,1 et 37,5 milliards d'euros, au lieu des 25 milliards jusqu'ici envisagés, selon le nouveau chiffrage de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) publié lundi et qui doit encore être arbitré par le gouvernement.

Cette mise à jour représente, selon les hypothèses, une hausse de 4,4% à 50% par rapport au coût arrêté en 2016 par la ministre de l'Ecologie et de l'Energie d'alors Ségolène Royal, soit 25 milliards d'euros aux conditions économiques de fin 2011. Des organisations écologistes et antinucléaires avaient à l'époque dénoncé "un montant largement sous-estimé".

En ajoutant l'inflation, le coût s'élèverait entre 32,8 et 45,3 milliards d'euros.

Le projet Cigéo, piloté par l'Andra, contesté par des écologistes et des associations locales, consiste à stocker à 500 mètres sous terre les déchets les plus radioactifs, dits de "haute activité" (10.000 m3) et ceux de "moyenne activité à vie longue" (73.000 m3) produits par les centrales nucléaires.

Le nouveau chiffrage "est une estimation de l'ensemble des coûts sur toute la durée de vie de Cigéo pour le stockage des déchets" déjà produits et futurs des installations nucléaires existantes ou déjà autorisées à fin 2016, y compris le réacteur nucléaire EPR de Flamanville, mais pas les futurs réacteurs EPR2 annoncés en 2022 par Emmanuel Macron, indique l'Andra.

"Il couvre une période de plus de 150 ans" jusqu'à "la fermeture du site envisagée à l'horizon 2170", selon son communiqué.

Mais au regard de la complexité du projet, hors norme, "on ne s'est pas arrêté à un seul chiffre", explique à l'AFP Gaëlle Saquet, directrice générale par intérim de l'Andra. D'où sa présentation sous la forme de quatre scénarios tenant compte notamment d'incertitudes sur la fiscalité et de la réalisation d'optimisations aux stades de maturité divers.

L'Andra a déposé la demande formelle d'autorisation en janvier 2023, la décision n'est pas attendue avant fin 2027/début 2028.

Le dernier mot reviendra au ministre en charge de l'Energie qui devra fixer le nouveau coût par arrêté d'"ici fin 2025", après avoir recueilli l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection et les observations des principaux producteurs de déchets (EDF, Orano, CEA). Jusqu'à une prochaine réévaluation, il servira de "référence" aux trois exploitants nucléaires qui financent le projet à travers des provisions au titre du principe du "pollueur-payeur".