Le projet de Cigéo à Bure (Meuse), où doivent être enfouis à partir de 2050 les déchets nucléaires les plus dangereux, et ce, pour des centaines de milliers d'années, répond en l'état aux attentes de sûreté, même si des points de vigilance restent à résoudre, a estimé jeudi l'ASNR dans son avis technique de synthèse.
Ce avis, fruit de 30 mois de travaux d'expertise et d'instruction, marque une étape clé pour la poursuite du projet, qui peut désormais être soumis aux consultations de l'enquête publique dans le courant du second semestre 2026, en vue d'une décision du gouvernement sur l'autorisation de création du site, attendue au mieux pour 2028.
Lancé en 1991, le projet Cigéo, contesté par des écologistes et des associations locales, doit accueillir à 500 mètres sous terre des déchets de centrales nucléaires devant rester hautement radioactifs pendant plusieurs centaines de milliers d'années. Au total, 83.000 mètres cubes, dont la moitié ont déjà été produits, sont destinés à être placés dans des alvéoles. Ces tunnels de stockage accueilleront les déchets les plus nocifs, dit de "haute activité", ainsi que les déchets dits de "moyenne activité à vie longue".
Cet avis émis par l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), qui synthétise trois avis intermédiaires rendus en 2024 et 2025, marque l'aboutissement de l'instruction technique du dossier d'autorisation du projet, déposé début 2023 par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
"Sur de nombreux points", l'évaluation préliminaire de sûreté présentée par l'Andra dans son dossier de demande "est satisfaisante", a souligné Pierre Bois, directeur général adjoint de l'ASNR lors de la présentation de l'avis devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.
L'autorité précise toutefois que "d'autres compléments" devront ensuite être apportés par l'Andra à l'occasion des grands jalons du projet dont la mise en service progressive est prévue "à l'horizon 2050" avec les premières descentes de colis radioactifs, a indiqué jeudi Olivier Dubois, commissaire de l'ASNR.
Parmi les points de vigilance identifiés par l'autorité, certains portent sur la performance des ouvrages de scellement bouchant les galeries souterraines, la vitesse de corrosion des conteneurs métalliques contenant les déchets "haute activité", la maîtrise du risque d'explosion dans les alvéoles et la maîtrise du risque d'incendie en cas de stockage de colis de déchets bitumés, des boues radioactives conditionnées dans du bitume et qui présentent un risque d'échauffement.