Le gouvernement s'est engagé vendredi à mieux associer le public aux décisions liées aux déchets nucléaires, dans le cadre de la révision du Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR).
Le jour même de l'arrêt définitif du réacteur n°1 de la centrale de Fessenheim, le ministère de la Transition écologique et solidaire et l'Autorité de sûreté nucléaire ont publié leur réponse aux conclusions d'un débat public de plusieurs mois qui avait notamment mis en lumière la défiance du public sur ce sujet très sensible.
Or cet arrêt et ceux qui devraient suivre dans le cadre du "rééquilibrage progressif" voulu par le gouvernement entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire - actuellement de 70%, la plus importante au monde - va mécaniquement entraîner une augmentation des déchets.
Dans sa décision pour lancer la mise à jour du PNGMDR, le gouvernement prévoit notamment l'élargissement "de l'instance de gouvernance aux élus de la Nation, à la société civile et aux représentants des collectivités territoriales", ainsi qu'une "communication régulière, accessible au grand public".
Il prévoit également de rallonger la durée du PNGMDR de trois à cinq ans, pour le "mettre en cohérence avec la programmation pluriannuelle de l'énergie", en cours d'élaboration.
Concernant les déchets, le gouvernement annonce sa volonté "d'introduire une nouvelle possibilité de dérogations ciblées permettant, après fusion et décontamination, une valorisation au cas par cas de déchets radioactifs métalliques de très faible activité".
La décision annonce par ailleurs que "le contrôle du caractère valorisable des matières radioactives sera renforcé".
Ce sujet de la valorisation (notamment en retraitant le combustible) est particulièrement controversé, des organisations environnementales estimant en effet que beaucoup de "matières" radioactives aujourd'hui officiellement considérées comme réutilisables ne le sont en fait pas et devraient être classées comme "déchets". Décision qui aurait de gros impacts financiers pour les opérateurs, EDF notamment, et les capacités de stockage requises.
Concernant justement le "stockage" (permanent) et "l'entreposage" (temporaire), le gouvernement confirme "la poursuite des travaux liés à la mise en oeuvre" du projet EDF de piscine d'entreposage centralisé de combustibles usés et une nouvelle "mise à jour de l'évaluation des coûts" du futur site de stockage souterrain profond Cigéo de Bure (Meuse), pour l'instant fixé par décret à 25 milliards d'euros.
"Il n'y a strictement rien qui avance de manière concrète, rien de clair à l'exception de l'annonce de dérogations, auxquelles nous opposons un refus catégorique", a regretté Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace.
L'ONG a d'ailleurs envoyé vendredi une lettre à la ministre Élisabeth Borne pour déplorer des "propositions clairement pas à la hauteur des nombreux problèmes associés à la gestion des déchets nucléaires", qualifiant notamment "d'irresponsable d'attendre cinq ans de plus pour amorcer la fin du +retraitement+ et nommer +déchets+ ce qui doit l'être".
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