Les grandes villes souhaitent piloter la transition écologique à l'échelle locale, dans le cadre du nouvel acte de décentralisation voulu par le Premier ministre Sébastien Lecornu, a-t-on appris vendredi à l'occasion d'un rassemblement annuel d'élus au Creusot (Saône-et-Loire).
"Nous proposons que si cette nouvelle étape de décentralisation annoncée par le Premier ministre venait à se concrétiser (...) elle soit mise au service de la transition écologique", a déclaré Johanna Rolland, présidente de l'association France urbaine qui représente les grandes collectivités et métropoles françaises.
"Tous les éléments financiers et réglementaires sont prêts (...) pour devenir demain autorités organisatrices de la transition écologique (...) parce qu'on parle économie décarbonée, politique de mobilité, projet alimentaires de territoire, rénovation énergétique de nos logements", a ajouté la maire PS de Nantes en clôture du congrès de l'association.
Cette proposition s'inscrit dans le cadre des discussions sur le "grand acte de décentralisation" voulu par Sébastien Lecornu. Le Premier ministre a demandé aux élus locaux de lui transmettre leurs propositions d'ici au 31 octobre dans l'objectif de déposer un projet de loi, en décembre, soit quelques mois avant les élections municipales prévues en mars.
Les maires plaident pour une gouvernance plus partagée avec l'État afin d'adapter les politiques nationales au terrain.
Johanna Rolland a toutefois averti qu'une nouvelle vague de décentralisation sans autonomie financière et fiscale serait "un échec". "Comment se projeter sincèrement vers une extension des responsabilités locales avec une forme d'épée de Damoclès budgétaire en permanence au-dessus de nos têtes ?", a-t-elle interrogé.
L'association conteste la mise à contribution des grandes villes et intercommunalités dans le projet de budget pour 2026, qu'elle juge "disproportionnée et injuste" pour les grands territoires urbains, tant sur le plan du volume que dans les modalités d'application.
"Nous souffrons parfois (...) d'une caricature aussi injuste qu'inexacte qui voudrait que l'urbain soit synonyme seulement de prospérité et d'abondance alors que (...) deux tiers des personnes pauvres vivent dans nos villes", a plaidé Johanna Rolland, dénonçant une "politique d'assèchement des ressources locales".