Pollutions, pêche illégale, changement climatique: François Bayrou met le cap lundi sur la défense des océans, confrontés à de multiples défis environnementaux, économiques et géopolitiques, lors d'un comité interministériel de la mer (CIMer) à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
Ce rendez-vous a lieu deux semaines avant l'accueil par la France, le 9 juin à Nice, de la troisième conférence des Nations unies sur l'océan (Unoc 3), autour de laquelle le gouvernement a lancé une "Année de la mer".
La France, métropolitaine et ultramarine, dispose de la deuxième plus grande surface maritime du monde avec 11 millions de kilomètres carrés de mers et d'océans et 20.000 kilomètres de côtes.
Après une visite en début d'après-midi des Chantiers de l'Atlantique, où le groupe suisse MSC Croisières a récemment confirmé la commande de deux nouveaux navires, le Premier ministre présidera le CIMer, qu'il clora par une conférence de presse pour détailler ses actions.
Il sera accompagné par quatre ministres: Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique, Biodiversité, Forêt, Mer et Pêche), Amélie de Montchalin (Comptes publics), Marc Ferracci (Industrie et Énergie) et Philippe Tabarot (Transports).
Le CIMer 2025 s'est penché sur six thématiques: la biodiversité et la lutte contre la pêche illégale, le littoral et la qualité des eaux côtières, la décarbonation du secteur maritime, la compétitivité des filières et la formation professionnelle, les énergies marines renouvelables, ainsi que l'aspect régalien.
Le gouvernement, qui entend "concilier développement maritime et protection du vivant marin", exposera ce qu'il compte faire contre la pêche illicite, la pollution par le plastique ou les algues sargasses dans les Antilles, qui soumettent la biodiversité marine à de multiples pressions.
- "Menaces" -
Il détaillera les "leviers financiers et fiscaux" destinés à encourager la décarbonation du secteur maritime.
En 2023, le président Emmanuel Macron avait annoncé une enveloppe de 700 millions d'euros, fondée sur la future fiscalité de l'éolien en mer, pour soutenir la transformation économique, sociale et environnementale de la filière pêche.
Face au changement climatique qui fait reculer le trait de côte, le gouvernement soutient le principe selon lequel "le littoral doit financer le littoral" avec des actions d'adaptation portées par les collectivités, ce qui laisse augurer de nouveaux débats autour du futur budget, très contraint.
Le gouvernement marquera aussi son soutien au développement des énergies marines renouvelables, dont font partie les parcs éoliens en mer. La France prévoit de disposer d'une capacité de production de 18 gigawatts (GW) d'éolien en mer en 2035 et 45 GW en 2050, contre 1,5 GW aujourd'hui.
Les océans sont confrontés par ailleurs à un défi stratégique, dans un contexte géopolitique "tendu" avec "différentes menaces", qui appellent des réponses régaliennes pour sécuriser par exemple les câbles sous-marins, réquisitionner des navires en temps de crise ou soutenir la Marine nationale, selon une source gouvernementale.
Le CIMer devrait évoquer à cet égard le statut juridique des sauveteurs en mer de la SNSM, parfois mis en cause dans leurs actions bénévoles, et le cas de l'archipel de Mayotte, dévasté fin décembre par un ouragan.
Le président de la République se réserve toutefois quelques annonces pour la conférence onusienne de Nice, dont pourrait faire partie l'interdiction du chalutage dans les aires marines protégées.