Cimenteries, usines sidérurgiques ou de chimie... les sites industriels les plus polluants de France doivent signer mercredi avec l'Etat leurs "contrats de transition" chiffrant leurs objectifs et leviers de décarbonation, avec en contrepartie un soutien financier et logistique de l'Etat.
Cette signature, qui concerne les 50 sites les plus polluants de l'Hexagone (55 en réalité avec les raffineries), doit intervenir à Paris, au congrès des maires de France, en présence des industriels, des élus et des ministres de l'Industrie Roland Lescure, de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, et des Collectivités Dominique Faure.
L'enjeu est de taille, pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du pays, compte tenu du fait que le secteur industriel, qui représente 11% du PIB, génère 20% des émissions de gaz à effet de serre du pays, rappelle le cabinet du ministre de l'Industrie.
Il y a un an, Emmanuel Macron a promis un doublement de l'aide publique aux industriels pour leur décarbonation, qui devait passer de 5 à 10 milliards d'euros en échange d'un doublement de leurs efforts.
Mais mercredi le chef de l'Etat, retenu par un sommet virtuel du G20, ne sera pas au congrès des maires. La confirmation d'un doublement de l'aide n'est donc pas à l'ordre du jour, selon le cabinet de Roland Lescure: "ça n'est pas aux ministres de parler au nom du président de la République, donc ce n'est pas une annonce qui sera faite demain" mercredi.
Pour autant, les contrats signés mercredi comporteront des trajectoires de diminution des émissions "au niveau des objectifs fixés" par Emmanuel Macron, soit une réduction de 45% des émissions de gaz à effet de serre dès 2030 et 50% en 2032 par rapport à 2015.
En échange, l'Etat prend des engagements de soutien financier, pour couvrir "le surcoût de la décarbonation" et la rendre neutre en terme de compétitivité. Il pourra aussi soutenir par exemple le raccordement aux réseaux électriques, d'hydrogène, ou encore de CO2 (captage et stockage du carbone).
Parmi les principaux leviers de décarbonation mobilisés, figurent en effet l'électrification des process, la biomasse pour chauffer les fours, le captage de carbone et enfin l'hydrogène.
Sur 5,6 milliards d'euros prévus dans le cadre de France 2030 pour soutenir les projets de décarbonation de l'industrie, un peu plus de 1,2 milliard d'euros ont déjà été engagés entre 2022 et 2023, selon le ministère.
Ces contrats ne comportent pas de clause de sanction en cas de non-respect des engagements industriels. Pour autant, le versement des aides sera subordonné "à la tonne de CO2 évitée sur 15 ans", a-t-on indiqué.