La destruction du barrage hydroélectrique de Vezins, à 30 km du Mont-Saint-Michel, a débuté, a-t-on appris jeudi auprès de la préfecture, "un moment historique" pour les rivières européennes selon WWF.
"Les travaux ont commencé il y a plusieurs semaines. Mais depuis hier ils sont visibles avec un trou de 5 mètres par quatre" dans l'édifice bâti sur la Sélune, a indiqué à l'AFP le sous-préfet d'Avranches, Gilles Traimond.
"Cette brèche définitive dans cet édifice de 26 mètres de haut donne le coup d'envoi de la destruction de barrage la plus importante jamais réalisée en Europe", s'est félicitée l'association de protection de l'environnement WWF dans un communiqué.
Deux autres brèches de même dimension vont être percées d'ici à fin juin. Le reste de la destruction et la remise en état du site s'étaleront sur toute l'année 2019, selon le sous-préfet.
Les travaux, d'un montant d'un peu de moins de 5 millions d'euros, sont menés par l'entreprise bretonne Charier, selon le haut fonctionnaire.
Un second barrage de la Sélune, dit de "la Roche qui boit", doit être détruit "probablement en 2020", selon le sous-préfet.
Ces destructions avaient été annoncée en 2017 par Nicolas Hulot alors ministre de la Transition écologique, après plusieurs années d'hésitations. M. Hulot avait alors parlé d'une "opération unique en Europe" devant contribuer à la "reconquête de la biodiversité" et à la lutte contre le "changement climatique".
"90 km de cours d'eau seront entièrement ouverts à la reconquête de la biodiversité", avait précisé le ministère en 2017.
En 2010, la cour administrative d'appel de Nantes avait mis en demeure EDF d'"assurer la circulation des grands migrateurs au droit des ouvrages de La Roche-qui-Boit et de Vezins" avant 2014.
Avant la destruction, une délicate vidange du barrage de Vezins a été menée en 2018. Près 500.000 m3 de sédiments sur lesquels il y avait suspicion de pollution avaient auparavant été confinés sur place, pour 20 millions d'euros, selon l'Etat. La dernière vidange intervenue en 1993 sur ce barrage avait provoqué une grave pollution de la baie du Mont, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Le barrage de Vezins (26 mètres de haut, 280 mètres de long), propriété de l'Etat, et celui de La Roche-qui-Boit, propriété d'EDF, datent respectivement de 1916 et 1926 et produisaient en 2012 0,04% de la production électrique française.