Débat européennes Attal/Bardella: retour sur cinq affirmations fausses ou trompeuses

De la viande bovine dans les cantines aux défaillances d'entreprises, retour sur cinq affirmations fausses ou trompeuses brandies par le Premier ministre Gabriel Attal et la tête de liste RN aux européennes Jordan Bardella lors de leur débat jeudi soir.

- "On a moins de défaillances d'entreprises aujourd'hui en France qu'en Allemagne et que chez, d'ailleurs, la plupart de nos voisins." - Gabriel Attal

Les statistiques officielles contredisent le Premier ministre.

Eurostat a comptabilisé en 2023 un total de 54.431 défaillances en France contre 17.628 en Allemagne.

Les données compilées par l'assureur Allianz Trade dressent un bilan similaire: 56.735 défaillances en France (+35% par rapport à 2022) contre 17.814 (+22%) en Allemagne.

"La France présente un taux de faillites bien plus élevé que l'Allemagne, environ deux fois plus élevé, autour de 0,7% en Allemagne contre plus de 1,5% en France pour 2023", a précisé à l'AFP Maxime Lemerle, responsable des recherches défaillances chez Allianz Trade.

En avril 2024, 4.808 défaillances d'entreprises ont été comptabilisées dans l'Hexagone par la Banque de France contre 1.367 par l'Institut allemand de recherche économique de Halle.

- "Eurostat, 2023: la France a éloigné plus que l'Allemagne des immigrés clandestins, elle a éloigné quatre fois plus que l'Italie." - Gabriel Attal

Les données d'Eurostat consultées par l'AFP montrent autre chose.

Sur l'ensemble des quatre trimestres de 2023, en chiffres absolus, le total des reconduites de citoyens non-Européens qui avaient été enjoints par les autorités à quitter les territoires nationaux atteint 15.440 en Allemagne, contre 12.165 pour la France, selon les calculs de l'AFP.

En 2023, la France a reconduit deux fois plus que l'Italie (6.690), et non "quatre fois plus" comme l'affirme Gabriel Attal.

Toujours selon Eurostat toutefois, l'Allemagne (4.180), la France (3.570) et la Croatie (2.430) présentent "les chiffres les plus élevés" au quatrième trimestre 2023, représentant ensemble "environ 35% du total de l'UE".

- "77% des viols, des agressions sexuelles qui sont commis à Paris sont le fait d'étrangers." - Jordan Bardella

Ce chiffre fait l'objet d'une erreur d'interprétation. Il provient d'un article d'Europe 1 du 18 avril 2024, évoquant des chiffres de la Préfecture de police de Paris. Selon ces données, en 2023, sur 97 viols commis dans les rues parisiennes et connus des services de police, 30 ont été élucidés. Ces faits ont donné lieu à 36 interpellations. Parmi ces personnes interpellées, 28 étaient de nationalité étrangère, soit 77%.

Cette statistique ne peut donc pas être généralisée à tous les viols commis à Paris, comme le fait Jordan Bardella.

De manière générale, la très grande majorité des viols sont commis au sein de la sphère privée, comme relevé auprès de l'AFP par Audrey Darsonville, professeure de droit pénal à l'Université Paris-Nanterre,.

En outre, ces 77% ont été calculés sur un chiffre de personnes interpellées, qui n'avaient alors pas été jugées coupables des faits reprochés.

- "Aujourd'hui dans la restauration collective, 75% du boeuf qui est consommé par nos enfants dans les cantines des collèges, des écoles et des lycées, est importée." - Jordan Bardella

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a souligné dès jeudi soir dans un message sur X que ce chiffre était "faux".

Mais difficile de connaître précisément la part de boeuf importé consommé dans les cantines. L'Interprofession du bétail et de la viande (Interbev) a précisé à l'AFP ne pas disposer de données si précises.

Marc Fesneau a souligné que "sur le périmètre scolaire et les chiffres établis sur l'échantillon du bilan "Ma cantine", 60% de la viande achetée en restauration scolaire est d'origine française" - sans préciser toutefois la répartition entre viande de boeuf, de volaille et autres.

Une note d'Interbev de février 2024 sur des chiffres 2022 confirmait, elle, mais sans plus de détails, que "la restauration collective s'est orientée vers un approvisionnement très majoritairement français" en viande bovine.

- "Le bilan de votre politique énergétique, c'est à la fois la hausse des factures, la hausse des faillites d'entreprises (...) et évidemment la hausse des émissions parce qu'en fermant les centrales nucléaires vous avez été contraints de rouvrir des centrales à charbon." - Jordan Bardella

En 2023, les gaz à effet de serre émis par l'activité humaine en France ont, contrairement à ce qu'assène Jordan Bardella, baissé de 5,8% sur un an, selon le Citepa, organisme chargé de l'inventaire des gaz à effet de serre français.

Le gouvernement s'enorgueillit de ce chiffre après un recul de 2,7% entre 2021 et 2022.

En 2023, la France a ainsi rejeté l'équivalent de 373 millions de tonnes de dioxyde de carbone (Mt CO2e), "en dessous du niveau minimum record de 2020" lors du ralentissement majeur de l'économie.

Mais ce chiffre est à nuancer, souligne le Citepa, qui constate une "situation inédite" entre baisse des émissions des grands secteurs émetteurs et hausse des prix de l'énergie - "mais sans crise économique majeure".

Poster un commentaire
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.
Déjà membre ? Je me connecte.
Je ne suis pas encore membre, Je crée mon compte.