Une octogénaire supportrice de foot, une gymnaste ukrainienne entourée de sportifs européens solidaires face à la guerre, un air de Côte-d'Ivoire sur un Vieux-Port euphorique et l'IA au secours du handicap: retour sur quelques moments forts du relais de la flamme jeudi à Marseille.
- Au départ de "la Bonne-Mère", Colette l'octogénaire
Colette Cataldo, 83 ans, s'est entraînée avec application, courant avec un marteau sur le chemin près de chez elle, avant de porter la torche. Car l'enjeu était de taille: recevoir le symbole des Jeux-2024 du premier porteur, l'ex-footballeur Basile Boli, devant l'emblématique basilique Notre-Dame-de-la-Garde.
Après avoir fredonné "allumer le feu" du chanteur Johnny Hallyday, la doyenne des supporters de l'Olympique de Marseille --60 ans qu'elle fréquente le stade Vélodrome!-- a reçu le "baiser de la torche" de Boli, légende du club.
"Mon bras a tremblé", raconte-t-elle. Colette a parcouru en marchant les 200 m de son relais, "pour faire durer le temps". A ses côtés, son fils, envahi "par une grande fierté", n'a pu retenir ses larmes.
- Un peu de Côte d'Ivoire sur le Vieux-Port: "Allez Marseille du bruit!"
Avant d'allumer le chaudron olympique en soirée au stade Vélodrome, l'ex-international ivoirien Didier Drogba a pris un bain de foule à la mi-journée sur le Vieux-Port, au milieu de grappes d'enfants.
"L'arrivée de la flamme à Marseille lance vraiment tout le parcours de la flamme sur le territoire français. Je pense qu'il y aura une mobilisation exceptionnelle comme c'est le cas depuis hier à Marseille", lance le footballeur. A quelques mètres, la chorégraphe et danseuse franco-ivoirienne Maryam Kaba, coiffure afro entourée d'un foulard clair, transmet la flamme à un jeune marin-pompier de Marseille, Matthieu Gudet. Un homme lance "Allez Marseille, du bruit!", et résonnent applaudissements et cris.
- 27 sportifs européens en solidarité avec l'Ukraine
Son père combat sur le front face aux troupes russes qui ont envahi une partie de son pays depuis le 24 février 2022. Mais en ce jeudi 9 mai, journée de l'Europe, la gymnaste ukrainienne Maria Vysochanska, 21 ans, a été saluée à Marseille par une haie d'honneur formée par 27 sportifs de chacun des pays de l'Union européenne, dont le champion olympique français Jean Galfione (perche) et la Polonaise Anita Wlodarczyk, triplement titrée au lancer de marteau. Puis, torche à la main, elle s'est élancée pour ce relais collectif européen inédit devant le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem), avec toute "son" équipe olympique et paralympique. "On est d'accord que l'Ukraine fait partie de l'Europe, c'est un message important à faire passer", souligne le rameur balte Saulius Ritter, dont le pays s'inquiète d'une possible extension de la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Ce relais "est une manière d'insister sur notre solidarité avec l'Ukraine", affirme la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castera, ajoutant: "Ceci est un signe d'unité, d'espoir et de solidarité, nous voulons leur victoire".
- Emotions et intelligence artificielle pour porter la flamme
"Nathalie a soulevé la flamme alors que, normalement, elle ne peut pas lever le bras", s'émerveille Eliane Labrégère. "Vu de l'extérieur, c'est presque aberrant", reconnaît de son côté son père Guy.
Nathalie Labrégère, 35 ans et handicapée cérébrale, a en effet pu porter le flambeau olympique jusqu'au pied de la future Cité scolaire internationale de Marseille, casque connecté sur la tête et bras inséré dans un exosquelette.
Olivier Oullier et Paul Barbaste, associés à la tête de l'entreprise Inclusive Brains, ont expliqué le fonctionnement de ce système baptisé Prometheus: "Par les mouvements et expressions de son visage, captés par une caméra, et par ses émotions, que l'on détecte via les ondes cérébrales, Nathalie peut déclencher l'exosquelette", résume Olivier Oullier.
"Elle arrive à transmettre une émotion en montrant qu'elle est heureuse et en envoyant des bisous. On a entraîné l'intelligence artificielle à détecter la façon dont elle le fait et dont elle montre qu'elle est contente. C'est sa joie qui déclenche tout", ajoute-t-il.
"Quand elle a eu son expression de joie, le bras s'est levé et a rejoint le support du flambeau. On est super émus d'avoir réussi cette prouesse technologique", conclut Paul Barbaste.
- La star du rap et la footballeuse sur le toit du stade
Le long de l'immense toit blanc ondulé du stade Vélodrome, Soprano, star du rap français, a baladé la flamme avec une vue à couper le souffle sur les collines qui entourent la deuxième ville de France. La milieu de terrain de l'OM Jenny Perret, 23 ans, a pris la suite sur ces hauteurs. A terre, c'est Didier Drogba qui a embrasé le chaudron. Et, comme il y a 20 ans, la foule chantait pour ce fameux buteur de l'OM: "Drogba la la la la".