"Dans ma situation, c'est le mieux que je puisse avoir", raconte Maxime, un jeune sans-abri qui a trouvé refuge le temps du confinement dans un gymnase nantais où une vingtaine de personnes peuvent échapper à "la peur du contrôle" grâce aux soins des bénévoles de la Protection civile.
"J'ai cinq chiens donc personne veut me louer quoi que ce soit", poursuit le garçon de 32 ans, qui n'avait pas eu de solution de logement par le 115 lors du premier confinement. Ce deuxième confinement, "c'est le seul moment où on m'a donné une place au chaud".
Dans le gymnase Émile Morice, tout près du centre-ville, des tentes carrées aux toits pointus ont été montées pour renforcer les gestes barrières, et des repas chauds sont servis trois fois par jour par des bénévoles de la Protection civile.
Outre la nourriture et les injonctions à bien porter le masque, Marine Clouet accompagne les personnes "pour qu'elles puissent nettoyer leur linge dans la machine à laver qu'on a obtenue grâce à un don de particulier, à nettoyer les tentes suite au départ d'une personne, à désinfecter les parties communes".
Cette assistante sociale a consacré près de 900 heures, bénévolement, à des missions de la protection civile liées à la crise sanitaire en 2020.
Offrir aux sans-abris "cette petite soupape où ils peuvent se poser, être en sécurité, être au chaud, être à l'abri des risques de contaminations" compte pour cette mère d'une enfant de cinq ans qui "préfère être engagée sur le terrain plutôt que devant la télé tous les jours".
- Engagement "essentiel" -
"On mange un peu de tout, c'est varié, c'est pas les casse-croûtes qu'on mange dans la rue", se réjouit Albert, 54 ans, accueilli avec son chat depuis début novembre dans le gymnase.
Avoir une tente permet de "laisser les chiens à l'intérieur, se reposer la journée" et "l'équipe ici, ils sont parfaits", explique Olivier, 45 ans, à propos des bénévoles qui se relaient tous les jours de 07H30 à 21H30.
Cet engagement "est ancré en moi, c'est quelque chose que je trouve essentiel", raconte Pascal Rieunier, archéologue de profession. Autre bénévole, Charles Marion, photographe, explique faire "très attention" à ses dépenses après une année ponctuée de centaines d'heures de bénévolat durant laquelle il a bâti des amitiés très fortes avec d'autres membres de la Protection civile.
Malgré les mésententes ou les nuits bruyantes, l'arrivée au gymnase, qui sera ouvert jusqu'à fin décembre, est souvent vécue comme un soulagement pour les sans-abris.
"Les attestations de circulation c'est très compliqué, toujours la peur du contrôle, de se justifier, c'est lourd", résume Éric, arrivé mercredi.
Lors du premier confinement, "j'étais dehors, j'ai pas eu d'hébergement, j'esquivais le centre-ville, je me suis pris une amende de 135 euros, j'ai travaillé un petit peu aussi, dans le muguet et dans les pivoines pour la Fête des mères", se souvient Guizmo, 22 ans.
S'il a maintenant du répit pour dormir et manger, son quotidien reste largement impacté par l'épidémie.
"C'est plus difficile de faire la manche, avant je bougeais en ville, je faisais les terrasses des bars mais il n'y en a plus, du coup je reste à la gare et il y a moins de monde vu qu'il y a moins de trains", déplore-t-il.
Mais si moins de gens passent, ils "donnent un peu plus on va dire, donc en fait ça se vaut", constate de son côté Maxime qui réunit entre 20 et 30 euros par jour. Il les dépense en nourriture, préférant subvenir à ses besoins plutôt que de profiter des repas distribués au gymnase, dont il apprécie toutefois le café chaud du matin.