Dans son dernier rapport, RTE anticipe comment les difficultés économiques pourraient freiner la transition énergétique

Un ralentissement prolongé de l'économie mondiale et la persistance des tensions géopolitiques pourraient rendre "plus difficile et plus coûteuse" la mise en oeuvre de la transition énergétique, a averti mercredi le gestionnaire du réseau français de haute tension RTE dans un rapport prévisionnel publié mercredi.

Ce rapport, qui définit la trajectoire à prendre d'ici 2035 pour parvenir à la neutralité carbone d'ici 2050, a vocation à contribuer à la stratégie française pour l'énergie et le climat (SFEC) en cours d'élaboration par le gouvernement. Il teste ainsi plusieurs scénarios, "trois futurs possibles d'ici 2035", a expliqué à l'AFP Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.

Un scénario "A" ou "souhaitable", qui permet d'être au rendez-vous de 2030 et de remplir les objectifs d'électrification et de réindustrialisation de la France, un scénario "B", dans lequel la France est en retard "pour des raisons qui lui sont propres" et enfin, un scénario "C", dit de "mondialisation contrariée", où il y a "d'autres retards, qui sont liés au monde extérieur".

"Parce que nous sommes en charge de la sécurité d'approvisionnement, qu'il faut garantir à tous les Français de l'énergie tout le temps, nous testons aussi des scénarios souvent dégradés: que se passe-t-il si la France est en retard ?" explique M. Piechaczyk.

Ce scénario C, où la France serait aux prises avec une "mondialisation contrariée", se traduirait à court terme par "une consommation d'électricité plus faible", "un renchérissement du coût des équipements de la transition énergétique (+15 à 20% pour les investissements photovoltaïques au sol par exemple) afin de sécuriser les chaînes d'approvisionnement", et une "augmentation des coûts de financements avec des conséquences majeures sur l'économie de la transition énergétique", détaille le rapport.

Dans ce scénario, "en combinant hausse des coûts d'investissement et du coût du capital, le coût complet des énergies renouvelables est supérieur de 30 à 60%, voire jusqu'à 100% pour des filières en tension comme l'éolien en mer".

"En revanche, sur le long terme, il y a plusieurs façons de sortir" de ce scénario, rassure Thomas Veyrenc, directeur exécutif du pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE.

Plusieurs leviers sont mis en avant par RTE, au premier rang desquels "relocaliser une partie de la chaîne de valeur des équipements de la transition énergétique pour sécuriser les approvisionnements", quitte à assumer des coûts d'investissement plus importants.

Ce levier, notamment, permettrait d'"atteindre globalement les objectifs de transition énergétique", en étant "moins dépendant d'autres parties du monde", selon M. Veyrenc.