Dans les Alpes du Sud, une petite station de ski se donne cinq ans pour remonter la pente

Loin de l'euphorie de la candidature française aux JO d'hiver 2030, une petite station des Alpes-de-Haute-Provence confrontée à un déficit chronique que le réchauffement climatique risque d'aggraver, se donne cinq ans pour redresser ses comptes et ne pas disparaître.

"Nous devrons être à l'équilibre financier. Il faudra s'éloigner du tout ski, renforcer l'attractivité des pistes de randonnée, de raquettes... et s'orienter vers le contemplatif", a expliqué cette semaine à l'AFP Michel Lantelme, le maire d'Allos, où se trouve la station du Val d'Allos-Le Seignus.

Cette commune d'environ 700 habitants située dans la haute vallée du Verdon, à quelque 80 km à vol d'oiseau de Nice, compte en fait deux domaines skiables.

Le plus connu, Val d'Allos-La Foux (17 remontées mécaniques et 39 pistes) vient de fusionner avec la station de Pra Loup, dans la vallée voisine de l'Ubaye, pour constituer l'"Espace Lumière", l'un des plus importants domaines des Alpes du Sud de la France avec un total de 180 km de pistes.

Plus bas et plus modeste, avec ses 10 remontées et 25 pistes, le domaine de Val d'Allos-Le Seignus a été laissé à l'écart, les élus de l'Ubaye craignant que son déficit, qui varie de 500.000 à 900.000 euros par an en fonction de la fréquentation, directement liée au niveau d'enneigement, ne plombe les finances du nouveau syndicat mixte.

Dès la mi-décembre, une autre structure va donc voir le jour, associant cette fois la station du Seignus à la base de loisirs d'Allos, un plan d'eau avec baignade aménagée et terrains de sport, ont indiqué la commune, qui détiendra 55% des parts de ce nouveau syndicat mixte, et le département des Alpes-de-Haute-Provence, qui en possédera 45%.

Pendant cinq ans, le petit domaine, qui culmine à 2.440 m, va donc pouvoir compter sur le soutien financier du département, mais après, la commune devra se débrouiller seule, selon le maire.

Des économies sont à l'ordre du jour dès cet hiver, avec l'ouverture d'un seul télésiège pendant une semaine, du 16 au 23 décembre, et une saison qui pourrait s'arrêter dès le 10 mars.

Par mesure d'économie, mais aussi pour attirer un nouveau public amateur de poudreuse, sa piste-phare, la Valcibière, connue pour son dénivelé de 900 mètres ponctué de variations de pentes et de virages en forêt, ne sera plus damée.

"On ne nous vend pas bien, 90% des skieurs qui vont à La Foux ne savent même pas que l'on existe", regrette Françoise Hartl, qui exploite des commerces et un hôtel au pied des pistes du Seignus.