Dans le sud de la France, promouvoir d'autres lieux pour éviter l'engorgement estival

Éviter la surfréquentation pour protéger la nature sans décourager le tourisme, poumon de l'économie: la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, très prisée des Français et des étrangers, veut détourner une partie des visiteurs vers des sites moins connus pour éviter un insupportable engorgement estival.

"Il faut valoriser d'autres lieux que ceux qui sont habituellement mis en valeur par les offices de tourisme ou les médias; on a des territoires grands et il y a d'autres pépites à découvrir", insiste Pierrick Navizet, chef du service accueil et communications du Parc national des Ecrins, un des dix parcs nationaux de France, situé dans le sud des Alpes.

Réputé pour ses impressionnants glaciers, sa faune allant de l'aigle royal au lagopède alpin, aussi appelé "perdrix des neiges", ce parc a connu, comme d'autres zones naturelles et protégées, des pics de fréquentation --jusqu'à +30% de visiteurs-- l'été dernier après des mois de confinement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.

Cette année, la région Provence-Alpes Côte d'Azur avec son littoral méditerranéen, ses quatre parcs naturels nationaux, ses neuf parcs régionaux des plaines de Camargue au "Colorado provençal" du Luberon, s'attend à une forte fréquentation de la clientèle française mais aussi étrangère.

Elle espère toutefois éviter le triptyque maudit "trop de monde, au même endroit, au même moment", a souligné François de Canson, président du Comité régional du tourisme, lors du lancement d'une campagne pour un "tourisme plus responsable", à Raphèle-les-Arles, dans les Alpilles.

Mais sans culpabiliser ni faire de "demarketing" pour une région où le tourisme représente 10% des emplois et 13% du produit intérieur brut, selon lui. La campagne de promotion de la région se poursuit d'ailleurs mais une des idées phares consiste à "étaler" la fréquentation géographiquement et dans le temps.

"A partir de début juin, nous allons proposer via Instagram différents itinéraires de randonnées dont certains moins connus", dans le parc des Ecrins explique ainsi M. Navizet.

"Si des visiteurs arrivent un dimanche à la Maison du parc et qu'un site connu est saturé, les agents d'information leur proposeront d'aller visiter une vallée alternative", ajoute-t-il.

- "Côté sauvage" -

D'autres parcs nationaux proposent aussi des randonnées alternatives: "le col de l'Arche dans le parc du Mercantour n'est pas le plus connu des cols alpins mais son charme est justement son côté sauvage et intimiste", poursuit M. Navizet.

Pour l'instant, ces propositions sont disponibles sur les sites internet des parcs mais d'ici début juin, le Comité régional du tourisme souhaite les mettre en valeur en les regroupant sur le site www.provence-alpes-cotedazur.com, a indiqué son directeur général Loïc Chovelon.

Pour la visite des célèbres champs de lavande, le Comité régional a déjà fourni aux tours opérateurs différentes idées de villages et circuits pour éviter la suraffluence sur le plateau de Valensole.

Un partenariat engagé depuis 2019 avec l'application Waze et présenté par la région comme "une première mondiale", va être également élargi. Le principe: les automobilistes sont avertis par l'application qu'un site est "surfréquenté". S'ils veulent malgré tout s'y rendre, l'application leur conseille un parking où se garer pour éviter le stationnement sauvage, comme ce qui a été vu dans le parc national des Calanques près de Marseille l'été dernier, ou des parkings relais où ils empruntent des transports en commun.

Testé sur quatre sites dans le Verdon et le Luberon entre en juin et juillet 2020, ce dispositif a touché 325.000 conducteurs et 28.000 navigations vers des solutions alternatives ont été enregistrées. Cette année, huit parcs naturels de la région dont les préAlpes d'Azur, Port-Cros ou les Alpilles intègreront ce dispositif à partir de juin.

L'objectif est de "détourner" environ 10% des visiteurs vers des sites alternatifs, d'autres modes de transport ou de parking plus régulés, selon M. de Canson.

L'épidémie de Covid qui a cantonné durant des mois des citadins dans leurs appartements a surtout poussé de nouveaux visiteurs vers les espaces naturels. D'où une nouvelle campagne pour promouvoir les bons gestes dans la gestion des déchets, la nécessité de rester calme pour ne pas perturber la faune et les visiteurs en quête de sérénité.

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