Dans la famille écologiste, l'iconoclaste faiseur de rois Jean-Marc Governatori

Ex-entrepreneur dans les meubles discount, candidat divers droite à de multiples élections et défenseur de nombreuses causes au fil des ans, le Niçois Jean-Marc Governatori détonne dans la galaxie écologiste, mais il pèse en vue des régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur et de la présidentielle.

"Pas milliardaire mais gros contribuable" et propriétaire immobilier dans les Alpes-Maritimes, dit-il sans donner de chiffres, il entre au conseil municipal de Nice en 2020 dans la foulée des européennes de 2019, pour lesquelles il a soutenu le candidat Europe Ecologie-Les Verts Yannick Jadot.

Elu avec EELV et près de 19,49% des voix, derrière le RN mais en excluant la gauche du conseil, il avance personnellement les 285.000 euros de la campagne, selon les comptes officiels.

Depuis, même s'il reste localement peu audible face à l'omniprésent maire LR Christian Estrosi, il est devenu un membre actif de l'équipe de préparation des primaires écologistes. En mars, son mouvement a fusionné avec celui de l'ancienne ministre Corinne Lepage, dans une nouvelle formation baptisée "Cap Ecologie".

Un nouveau statut en forme de consécration pour ce père de six enfants, 62 ans, divorcé deux fois, qui a été petit candidat à toutes les législatives de 1993 (sous l'étiquette "France Eclairée") à 2012 (Alliance Ecologiste Indépendante). En 2002, il se retire avant le 1er tour en faveur du candidat de droite et appelle à faire battre l'adversaire socialiste.

- Soutien de Francis Lalanne -

Ce parcours, jalonné de multiples livres publiés à compte d'auteur, de causes diverses (lutte contre la drogue ou l'insécurité, défense des petits commerçants ou des handicapés, protection des animaux), de nombreux sigles et mouvements (dont l'un baptisé "La France d'en bas"), et même d'une candidature déclarée à la présidentielle 2007 pour laquelle il ne parvient pas à réunir les 500 parrainages, lui aliène une partie des militants écologistes et de gauche à Marseille et Nice.

Aux européennes 2019, parallèlement au soutien à Yannick Jadot, il finance aussi le mouvement anti-système né de la crise des "Gilets jaunes" emmené par le chanteur Francis Lalanne, "L'Alliance Jaune - La révolte par le vote".

Si M. Governatori affirme aujourd'hui à l'AFP qu'il a voté Benoît Hamon en 2017 et rappelle sa brève adhésion à l'UDF en 2001, de vieux militants écologistes niçois le classent "de façon rédhibitoire à droite toute".

Certains lui en veulent en particulier d'avoir en 2012 approché Brigitte Bardot, icône de la protection animale et proche du Front national. "Il a le droit d'avoir évolué mais (...) je pense que les copains ont été séduits par les moyens mis à leur disposition", critique l'ancienne élue municipale niçoise EELV Marie-Luce Nicaise, 82 ans.

"Il a un CV atypique mais nul ne peut douter de son engagement écologiste, il est persévérant et l'important, c'est où l'on va ensemble", rétorque pour l'AFP le secrétaire national EELV Julien Bayou, qui voit en M. Governatori "un allié important pour construire un rassemblement des écologistes".

- "Un magasin par an" -

"Il a des moyens financiers indéniables", reprend Mme Lepage, mais "c'est la manière d'appréhender l'écologie, le nucléaire, la République, la laïcité, qui est à la base de notre rapprochement". "C'est un centriste" et un "iconoclaste car il vient du milieu économique et industriel et on n'a pas l'habitude de voir ce genre de profil qui défende l'environnement", poursuit-elle.

M. Governatori a 22 ans quand, raconte-t-il, jeune diplômé d'école de commerce mais déjà végétarien, son père menuisier lui prête 500.000 francs (environ 76.000 euros) pour créer en franchise un magasin Fly de meubles en kit: l'enseigne suédoise Ikea vient de débarquer en France, mais pas à Nice, où M. Governatori a le champ libre.

Fly, Basika, Planet Wood: "A partir de 1981, j'ai ouvert un magasin par an et j'ai vendu mes affaires en l'an 2000", retrace M. Governatori, qui en 1991 a aussi été le représentant de la candidature inaboutie d'une marque de jus de fruit belge à la reprise du club de foot OGC Nice, dont son oncle deviendra ensuite actionnaire.

"Les municipales 2020 ont créé une fracture et des vraies tensions avec des militants historiques d'EELV qui lui reprochent son passé d'homme de droite et capitaliste, et doutent que sa conversion à l'écologie soit sincère", reprend Laurent Lanquar-Castiel, co-secrétaire départemental d'EELV.

Le principal intéressé, lui, balaie ces critiques: "C'est le problème d'EELV en Paca. Ils ont toujours été divisés, entre une partie écologiste et une autre avec l'extrême gauche, PCF et LFI".

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