Les start-up françaises de cybersécurité ont levé six fois de plus de fonds en 2021 qu'en 2020 et 2019, mais restent un peu frileuses côté innovation, selon un baromètre annuel publié par la société de conseil Wavestone, à l'occasion du salon Vivatech qui débute mercredi.
Le baromètre dénombre 160 start-up dans ce domaine clef de l'économie numérique en 2021, contre 150 un an auparavant.
Il recense également 23 sociétés plus mûres en phase de croissance (scale-up), contre 11 en 2020, et une licorne (société valant plus d'un milliard de dollars), Ledger, qui vend des portefeuilles sécurisés pour les cryptomonnaies.
Ces sociétés ont levé 630 millions d'euros en 2021, contre 100 millions d'euros en 2020 et 2019. Ce montant record comprend toutefois une méga-levée, celle de Ledger (330 millions d'euros)
Si cette accélération est prometteuse, le montant de capital récolté reste encore largement inférieur à celui des start-up israeliennes, championnes en la matière (1,6 milliard d'euros), et inférieur également à celui des start-up britanniques (environ 900 millions d'euros), notent les auteurs du baromètre.
Si les start-up françaises sont de plus en plus nombreuses et mieux financées, elles sont en revanche relativement peu innovantes.
"Nous constatons que 61% des start-up que nous interrogeons réinventent des solutions existantes, sans apporter d'innovations franches", soulignent les auteurs du baromètre.
"Cela s'explique en particulier par le fait que beaucoup de fondateurs de start-up agissent de manière isolée sur le volet de la recherche et du développement: seulement 22% d'entre eux sont en lien avec des laboratoires de recherche", expliquent-ils.
Pour faciliter l'émergence de champions français et européen de la cybersécurité, le baromètre estime qu'il faut "simplifier l'accès au marché européens", et réclame l'adoption d'une loi européenne permettant de plus orienter les dépenses publiques vers les start-up locales.
"Pour une start-up, mieux vaut avoir un carnet de commandes rempli (...) que de recevoir des subventions", a indiqué Marianne Tordeux-Bitker, de l'association française de start-up France Digitale.
"Les Etats européens ont à ce titre un rôle primordial à jouer, avec une véritable commande publique technologique européenne, sur le modèle de la Darpa américaine", a-t-elle indiqué.
Les start-up françaises sont actives notamment dans la sécurité des données et des réseaux, la gestion des identités et de l'accès, la détection de vulnérabilités, la protection de la vie privée, la veille sur la menace et les groupes criminels...