Eleveuse de poules pondeuses bio, Aurélie Roux s'est aussi lancée dans la confection de farines, d'huiles et de pâtes qu'elle écoule près de chez elle: comme d'autres agriculteurs, se diversifier et vendre localement lui a permis de mieux résister à la crise du bio.
"Sur la vente directe, on n'est pas touché" par l'inflation "parce qu'on est aussi local" et que "les clients sont fidèles", dit-elle depuis la cour de son exploitation à Portes-lès-Valence (Drôme). "C'est grâce à ça qu'on s'en sort."
Installée depuis 2007, Aurélie Roux a eu le déclic quand elle a commencé à commercialiser des oeufs sur les marchés. Encouragée par les retours positifs des acheteurs, elle a tenté la farine, l'huile, puis son conjoint l'a rejointe et a amplifié la diversification de la ferme.
Les oeufs de 6.000 de ses poules partent chez un opérateur tiers. Elle commercialise elle-même les oeufs issus de 2.600 autres poules et le reste de ses produits, dans un rayon de 20 kilomètres: épiceries, magasin de producteurs, plateforme en ligne et paniers de produits.
"Dans le circuit long, il y a un problème d'image", avance-t-elle. Transformateurs, grandes surfaces, "tout le monde s'est jeté sur le bio" quand il avait le vent en poupe, avec parfois "l'image d'un bio venant de loin", avance l'agricultrice à l'occasion d'une visite organisée en marge du salon Tech & Bio à Bourg-lès-Valence.
La vente directe est aussi ce qui permet à Oliver Lebert, producteur de lait bio dans la Sarthe, d'attendre sans trop de difficultés que les prix remontent.
Deux tiers de sa production est vendue à la société Biolait et il en tire environ 10% de moins qu'il y a trois ans. En vente directe, son chiffre d'affaires a en revanche légèrement progressé.
Au final, "on a une petite baisse du chiffre d'affaires mais comme on est en bio depuis 15 ans, qu'on a un système (d'alimentation) stabilisé, on peut faire le dos rond quelque temps", remarque-t-il. "Je plains les jeunes qui arrivent", ajoute dans la foulée Olivier Lebert, également référent bio à la chambre d'agriculture Pays de la Loire.
"Heureusement qu'on a la transformation", observe de son côté Thierry Gillos, producteur de lait bio à Châteaudouble, sur les contreforts du Vercors (Drôme).
Ses vaches jersiaises donnent un lait particulièrement gras, prisé pour la confection des fromages Saint-Marcellin et Saint-Félicien, ce qui a permis de limiter la casse sur le prix de son lait.
Et depuis que sa femme Audrey a rejoint l'exploitation, début 2021, l'activité de transformation de lait en yaourt, crème et crème dessert, a triplé.
Audrey Gillos "tâtonne" encore au niveau des débouchés - depuis la vente directe jusqu'à un accord avec le supermarché Leclerc du coin en passant par des collèges - sans s'aventurer au-delà d'un rayon de 30 kilomètres.