Crédit Agricole lance une plateforme de crédits carbone mettant en lien agriculteurs et acheteurs

La banque Crédit Agricole a lancé mardi une plateforme, baptisée Carbioz, permettant aux entreprises d'acheter des crédits carbone issus d'exploitations agricoles françaises s'étant engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, dans l'objectif de structurer ce marché encore émergent.

Les 2.800 projets retenus, soutenus par l'association France Carbon Agri, bénéficient du Label bas-carbone développé par le ministère de la Transition écologique, qui évalue la portée des mesures mises en place par l'agriculteur.

Un éleveur bovin par exemple peut décider d'implanter des prairies temporaires, moins labourées que des cultures et qui stockent donc le carbone plus longtemps dans le sol.

Un exploitant en grandes cultures peut introduire des légumineuses fixatrices d'azote, ce qui lui permet de réduire l'utilisation d'engrais.

En moyenne, les exploitations réduisent leurs émissions de 600 à 1.000 tonnes sur cinq ans, a indiqué le président de France Carbon Agri, Samuel Vandaele, lors d'une présentation à la presse.

Le processus passe par la réalisation d'un bilan carbone de la ferme, la préparation d'un plan d'actions et la certification par un auditeur indépendant.

"Ce n'est clairement pas la vente des crédits carbone qui va financer la transition de l'exploitation", a souligné M. Vandaele: passer du 100% labour au semis direct, méthode moins émettrice de gaz à effet de serre, nécessite de débourser jusqu'à 120.000 euros pour un nouveau semoir. "Mais c'est un élément incitatif", a-t-il ajouté.

Les crédits carbone sont vendus sur Carbioz à 45 euros la tonne, dont 32 euros reviennent à l'agriculteur. Un prix assez élevé pour le secteur mais certaines entreprises sont prêtes à accorder plus de valeur à un projet local, affirment les concepteurs de la plateforme.

Les crédits carbone ne peuvent pas être revendus sur un marché secondaire. Pas question de "financiariser" les crédits carbone en créant un mécanisme de spéculation, affirme le président du Crédit agricole, Dominique Lefebvre.

Cette initiative, espère-t-il, "contribuera à structurer ce marché encore en démarrage, qui a besoin de références, de se faire connaître".

Actuellement seules 80 entreprises contribuent en achetant des crédits. "On n'a pas d'objectifs chiffrés", a affirmé le directeur de Carbioz Dominique Moreau.

Mais le bilan carbone deviendra obligatoire pour toutes les entreprises de plus de 250 salariés à partir de 2025 dans le cadre de la nouvelle directive européenne sur la publication d'informations extra-financières (CSRD), ce qui devrait augmenter le nombre d'entreprises intéressées, a-t-il fait valoir.

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