Création d'une coordination pour une autre agriculture en Bretagne

Une quinzaine d'associations et de syndicats en Bretagne ont annoncé mardi la création d'une coordination visant à faire advenir dans la région une agriculture "plus respectueuse du vivant".

Parmi ces associations figurent notamment la Confédération paysanne, des associations environnementales, ainsi que le mouvement Attac.

"Le système (agricole) va droit dans le mur sans souci ni des dommages irréversibles sur l'environnement et sur la santé des populations, ni des générations futures (...) Il y a urgence à (le) changer (...) et à redéfinir les orientations", écrit dans un communiqué la Coordination pour une agriculture sociale et environnementale en Bretagne (Caseb).

L'objectif est de parvenir à développer "une nouvelle politique qui favorisera une agriculture véritablement nourricière (...) créatrice d'emplois de paysan.ne.s et de salarié.e.s avec pour objectif le quadruplement du nombre de paysan.ne.s", des emplois "durables et correctement rémunérés" qui contribueront "à enrayer la désertification des zones rurales" notamment, poursuit la Caseb.

Le versement des aides publiques devra être "conditionné à une réelle transition écologique et sociale de l'agriculture bretonne", ajoutent les membres fondateurs, estimant qu'"une poignée d'acteurs influents a trop d'intérêts à ce que rien ne change" dans la région.

La coordination demande également la suppression de la cellule Demeter, mise en place par l'Etat officiellement pour lutter contre l'"agribashing", car, affirme la Caseb, les gendarmes de Demeter sont "chargés de contrôler les organisations critiques envers le système dominant, voire d'intimider les défenseurs du vivant". "Les lanceurs d'alerte et les victimes du système sont priés de se taire, au nom d'une loyauté qui ressemble plutôt à une omerta", assure-t-elle.

"Nous avons la volonté d'inverser la tendance, de passer d'une agriculture productiviste avec tous ses effets négatifs (...) à une agriculture respectueuse de la nature, des humains et créatrice d'emplois", a expliqué par téléphone à l'AFP René Louail, l'un des porte-paroles de la Caseb.

"La période actuelle, avec les très nombreux départs à la retraite dans les dix ans à venir, constitue une opportunité extraordinaire", a-t-il poursuivi.

Impulsé dans les années 1960, le modèle agricole breton, basé principalement sur un élevage intensif, est régulièrement traversé par des crises dans ses différentes filières (porc, lait, volailles et oeufs).

Selon les chiffres publiés fin 2021, la Bretagne compte 26.300 exploitations, un chiffre en constante régression.