Covoiturage, fait maison: la consommation alternative s'installe malgré la reprise

Glanage, hébergement entre particuliers, produits faits maison, échanges de services, systèmes d'abonnements... Les pratiques de consommation dites émergentes ou alternatives, apparues il y a dix ans en temps de crise, persistent malgré la reprise économique, selon une étude présentée jeudi.

D'après l'Observatoire Société et Consommation (Obsoco), qui a enquêté auprès de quelque 4.000 Français âgés de 18 ans et plus, seuls le don, l'emprunt et l'achat d'occasion (pénalisé majoritairement par la dématérialisation des produits culturels) sont en recul depuis 2012.

En revanche, l'hébergement entre particuliers, les achats mutualisés, le covoiturage, les échanges de services ou encore les réseaux d'achats groupés de produits alimentaires (de type Amap) augmentent significativement.

Le glanage par exemple ("c'est-à-dire ramasser des objets dans la rue, la veille du jour où passent les encombrants notamment" explique Philippe Moati, co-fondateur de l'Obsoco) concerne désormais 41% des Français interrogés, dont une majorité d'urbains et de jeunes.

Huit sondés sur dix, plutôt des ruraux et des personnes âgées, déclarent aussi pratiquer le "fait maison" (produire des confitures, faire pousser ses fruits et légumes, fabriquer son pain, réparer sa voiture, tricoter...) et plus de la moitié font du bricolage.

"C'est plus qu'une nécessité économique, c'est une volonté de consommer différemment", souligne M. Moati, qui évoque le "plaisir" de faire au lieu d'acheter, mais également une volonté de "contrôler" le processus de fabrication.

Autre pratique en hausse: les SEL (système d'échange local), dont le nombre d'adhérents (8%) a doublé depuis 2012, selon l'étude.

Près d'un quart des Français ont loué un appartement ou prêté leur canapé via des plateformes comme Airbnb ou Couchsurfing durant les douze derniers mois, tandis que 56% des Français ont des abonnements en cours à des services comme Netflix ou Deezer.

Enfin, l'économie dite "à la demande" (via une application mobile, de type Uber), malgré un taux de pénétration encore modeste, progresse aussi, révélant "une demande latente de simplification du quotidien, conjuguée sur le mode de l'instantanéité, associée à un fort potentiel de développement".

Pour M. Moati, si ces pratiques prospèrent dans le temps, "c'est moins en raison du rejet en bloc de l'hyperconsommation que par défiance à l'égard du +système+ et la prise de conscience d'enjeux environnementaux" (26% des personnes interrogées se disent très préoccupées par l'environnement). "C'est plus un désenchantement qu'un rejet", résume-t-il.

lrb/soe/sd

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