La pandémie de Covid-19 n'a pas entraîné d'"exode urbain" caractérisé par des déménagements massifs des villes vers les campagnes, les grandes villes concentrant toujours la majorité des destinations, révèle une étude pluridisciplinaire publiée vendredi.
Intitulée "Exode urbain: un mythe, des réalités", cette étude lancée en juin 2021 invite à "fortement nuancer l'idée d'un exode urbain" provoqué par la pandémie, qui a plutôt accéléré des tendances préexistantes à la crise, notent les chercheurs de la plate-forme d'observation des projets et stratégies urbaines (Popsu).
Le Covid a "globalement accéléré les départs en provenance des grands centres urbains, en particulier des plus grandes métropoles, vers d'autres territoires, au premier rang desquels des villes (un peu) plus petites et des couronnes périurbaines", souligne l'étude qui qualifie ce phénomène de poursuite du "desserrement" urbain.
La "métropolisation", qui concentre populations, activités et richesses dans les grands centres urbains, se confirme, ainsi que la périurbanisation, qui s'étend "à des territoires plus éloignés".
L'essentiel des déménagements s'effectue entre des villes de même taille et plus d'un quart se font au sein d'une même commune. Par ailleurs 43% des départs enregistrés dans les 12 premiers mois de la crise s'effectuent vers les villes d'au moins 200.000 habitants, contredisant l'idée d'un "désamour des villes", tandis que le rural continue de représenter une faible part des destinations (18%), en hausse d'un point seulement entre l'avant et l'après-covid.
Déjà à l'oeuvre avant le covid, l'attrait des littoraux se poursuit, notamment sur la côte atlantique, de même que le regain d'intérêt pour les espaces ruraux. "Les espaces ruraux voient augmenter fortement leur solde migratoire après le début de la crise sanitaire" mais ce phénomène reste minoritaire et concerne beaucoup "les territoires proches des centres urbains".
L'étude bat aussi en brèche le "profil-type" des ménages susceptibles de déménager à la faveur de la crise. Si le profil de ménages "de classe supérieure", dotés d'un fort capital socioculturel et économique, existe, la réalité est plus diversifiée avec des flux de personnes en situation de précarité ou de pré-retraite.
Parmi les facteurs de déménagement, le "désir de campagne" et d'espace mais aussi l'essor du télétravail et l'éco-anxiété. La pandémie a par ailleurs joué un rôle de facteur déclencheur dans la décision de changer de vie.
L'étude a mobilisé trois équipes de recherche et a été réalisée en partenariat avec Leboncoin, SeLoger, Meilleurs Agents et La Poste.