Covid-19: quand l'hôtellerie innove pour capter la clientèle familiale française

Après une année de crise sanitaire qui a amputé leur activité des deux tiers et face à un horizon encore difficile, les hôteliers se voient forcés d'innover pour survivre et développent de nouveaux services afin de fidéliser une clientèle familiale.

Depuis l'été dernier lorsque les Français ont pu partir en vacances dans l'Hexagone, remplissant les hébergements du littoral et de territoires ruraux, nombre d'établissements ont commencé à miser sur une clientèle familiale nationale, afin de pallier l'absence des touristes étrangers due à la pandémie de Covid-19.

"Les hôteliers ont voulu choyer la clientèle française pour bénéficier de son pouvoir d'achat", dit à l'AFP Frédéric Martz, cofondateur de Welcome Family, une PME en pleine croissance, spécialisée dans l'équipement pour enfants (chaises hautes, réhausseurs, tables à langer, kits de coloriages, ballons, nounours etc) pour les hôtels et restaurants.

"Cette clientèle a répondu présent pendant l'été, à la réouverture des restaurants. Des projets qui seraient restés dans les cartons, sont sortis, les hôteliers et les restaurateurs ont eu envie de proposer quelque chose de nouveau", poursuit-il.

Ainsi "les grandes chaînes de restaurants se sont détournées des cartes de menus en plastique, pour aller vers du made in France et de l'éco-conçu, qui est passé de 30% à 50% de nos ventes ", tandis que les hôteliers ont offert plus de "kits d'accueil, avec des sacs à colorier, des petit jeux de société à faire en famille".

Au moment où les taux d'occupation sont particulièrement bas depuis près d'un an à cause des restrictions sanitaires, l'enjeu est de proposer de nouveaux services pour fidéliser cette clientèle familiale, de vacances et week-ends.

Ouvert le 22 janvier, le Novotel Megève Mont-Blanc -quatre étoiles, 92 chambres- parie résolument sur ce créneau et démarre avec 35% d'occupation malgré la fermeture prolongée des remontées mécaniques, explique à l'AFP son directeur Nicolas Queval, qui vise une ouverture à l'année, et pas seulement pour la saison hivernale.

- Peluche à l'arrivée -

"Nous avons pris une animatrice qui à partir de 15 heures, prend en charge les enfants, leur fait des crêpes, s'occupe d'eux pendant que les parents se rafraîchissent...", dit-il.

"Si on satisfait les enfants, on satisfait les parents. Offrir une peluche à l'arrivée, avoir des coloriages pour les occuper parce que les clients auront fait 8 heures de route... On essaie de proposer quelque chose de sympa".

Après avoir recruté du personnel en visant un taux d'occupation à 80% en février, l'hôtelier a "de la ressource". "Maintenant, à moi de pousser le service pour que les clients aient envie de venir et nous donnent raison de rester ouverts", dit-il.

A Noël dernier, en dépit de l'absence de remontées mécaniques, "certains hôtels de Megève ont très bien tourné", selon le professionnel, avec une clientèle "heureuse de ne plus courir, du tire-fesses à l'école de ski"...

"Et les enfants ont encore le droit d'être ensemble non masqués, on peut faire des petits groupes âgés de 6 à 12 ans, leur projeter des films, faire des chasses au trésor... et leur faire une box pour dîner", explique M. Queval.

Désormais "on cherche tous des solutions pour essayer d'avoir un maximum d'animations tout en respectant les règles sanitaires", poursuit-il, comme le ski tracté à cheval proposé par l'école de ski.

"Si on veut s'en sortir, nous les hôteliers, on doit montrer qu'on peut passer du bon temps chez nous et proposer des services intéressants, plutôt que faire le choix de fermer et se mettre au chômage partiel", affirme-t-il.

En outre, les clients sont devenus plus exigeants et "cherchent des entreprises en adéquation avec leurs valeurs", estime Solenne Devys, directrice générale adjointe du groupe familial Okko Hotels, qui compte dix établissements.

"Or on ne peut pas traiter un sujet sans l'autre: veiller au développement durable, être solidaire et réglo avec ses employés, ses fournisseurs...".

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