L'ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine a défendu jeudi au Sénat la pertinence de Santé publique France, agence dont elle est à l'initiative et dont le rôle dans l'épidémie de Covid-19 a été critiqué, concédant qu'il fallait "mieux l'installer dans le paysage".
"Si des manques sont identifiés à l'occasion de cette crise, il appartient d'y répondre et de faire en sorte de (...) mieux installer dans le paysage Santé publique France. Mais (...) ma conviction demeure: Santé publique France est nécessaire", a estimé la ministre de 2012 à 2017 devant la commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus.
Formellement créée en 2017, cette agence sanitaire regroupe quatre organismes, dont l'Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), qui gérait les stocks stratégiques et la réserve sanitaire.
Plusieurs sénateurs ont souligné que certains acteurs interrogés pendant leurs auditions ne connaissaient pas son existence, n'identifiaient pas son rôle dans la gestion de l'épidémie ou regrettaient de ne pas avoir eu d'interlocuteur dans cette agence.
Certains ont aussi estimé que l'absorption des fonctions de l'Eprus avait entraîné une perte d'efficacité et de réactivité dans la réponse aux crises.
Marisol Touraine a plaidé la relative jeunesse de cette agence publique et fait valoir que ses éventuelles faiblesses "ne se résoudront pas par un démantèlement" ou un "retour en arrière".
"Le caractère essentiel de la création de Santé publique France est précisément rassembler dans une même structure l'expertise scientifique, (...) la mise en place de messages de santé publique et de prévention et la déclinaison opérationnelle des politiques" de santé décidées par le ministre, a-t-elle argumenté, rappelant que la France était "le seul pays de l'OCDE" sans structure de ce type.
Entendue à sa suite, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé entre mai 2007 et novembre 2010, a expliqué vouloir limiter ses réponses à son expérience de gestion de la crise de la grippe H1N1.
"Je ne suis pas là en tant que citoyenne" ou "pour vous donner mon opinion", "je n'ai pas les éléments pour juger", "je ne voudrais pas tenir des propos de comptoir", a répété celle qui est aujourd'hui ministre de la Culture du gouvernement de Jean Castex.
Les sénateurs l'interrogeaient notamment sur les améliorations à apporter à l'articulation entre hôpital et médecine de ville, à l'organisation des Ehpad et des agences régionales de santé, ou encore sur la nécessité d'une "parole unique" des autorités pour éviter la confusion de discours discordants auprès de la population.
Roselyne Bachelot est aussi revenue sur sa déclaration polémique lors de son audition à l'Assemblée nationale le 1er juillet, selon laquelle les professionnels de santé devaient "se prendre en charge" pour constituer leurs stocks d'équipements de protection.
Elle dit estimer que, hors crise sanitaire, le port du masque devrait être beaucoup plus fréquent par exemple chez les pharmaciens en période d'épidémie de grippe, tout comme celui de la blouse chez les médecins pendant leurs consultations, et que dans ce cadre "il faut évidemment décentraliser" l'approvisionnement de ces équipements.
"C'est en cela que j'ai appelé à la responsabilité dans mon propos devant l'Assemblée nationale", a-t-elle souligné.