Covid-19: Marisol Touraine défend le rôle de Santé publique France

L'ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine a défendu jeudi au Sénat la pertinence de Santé publique France (SpF), agence dont elle est à l'initiative et dont le rôle dans l'épidémie de Covid-19 a été critiqué, concédant qu'il fallait "mieux l'installer dans le paysage".

"Si des manques sont identifiés à l'occasion de cette crise, il appartient d'y répondre et de faire en sorte de (...) mieux installer dans le paysage SpF. Mais (...) ma conviction demeure: SpF est nécessaire", a estimé la ministre (2012-2017) devant la commission d'enquête sur la gestion de la crise liée au coronavirus.

Votée en 2015 et formellement créée en 2017, cette agence sanitaire regroupe quatre organismes pré-existants, dont l'Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), qui gérait les stocks stratégiques et la réserve sanitaire.

Plusieurs sénateurs ont souligné que certains acteurs interrogés pendant leurs auditions ne connaissaient tout simplement pas son existence avant la crise sanitaire, n'identifiaient pas son rôle ou regrettaient de ne pas avoir eu d'interlocuteur dans cette agence.

Certains ont aussi estimé que l'absorption des fonctions de l'Eprus était une erreur car elle aurait entraîné une perte d'efficacité et de réactivité dans la réponse aux crises.

Marisol Touraine, aujourd'hui présidente de l'organisation internationale Unitaid, a plaidé la relative jeunesse de cette agence publique, "encore en phase de maturation", et a fait valoir que ses éventuelles faiblesses "ne se résoudront pas par un démantèlement" ou un "retour en arrière".

"Le caractère essentiel de la création de SpF est précisément de rassembler dans une même structure l'expertise scientifique, (...) la mise en place de messages de santé publique et de prévention et la déclinaison opérationnelle des politiques" de santé décidées par le ministre, a-t-elle argumenté, rappelant que la France était "le seul pays de l'OCDE" sans structure de ce type.

Elle s'est en revanche dite "extrêmement dubitative" face à la suggestion inverse d'élargir son périmètre, par exemple par une fusion avec l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

Interrogée sur la mise en place par Emmanuel Macron d'un conseil scientifique pour éclairer les décisions de l'exécutif sur le Covid-19, l'ancienne ministre a jugé que ce n'était "pas choquant ou gênant dans le contexte particulier de crise que nous connaissons".

Il aurait toutefois été souhaitable que des "représentants des agences" sanitaires existantes y figurent ou qu'un "comité de liaison" avec tous les organismes impliqués soit mis en place, pour que certains acteurs n'aient pas "le sentiment d'être abandonnés, délaissés" dans la gestion de la crise.