Allumage différé du chauffage, vacances prolongées: face au surcoût de l'énergie, les universités mettent en place des mesures pour réduire leur consommation cet hiver, avec la volonté d'éviter au maximum le distanciel pour les étudiants, après la crise du Covid.
Le coût de l'énergie est "un sujet d'inquiétude majeure" pour les universités, souligne Manuel Tunon de Lara, président de France Universités, qui regroupe les facs du pays. Mais les étudiants ne doivent pas "pâtir" de la situation. Il évalue le surcoût de l'énergie pour les université à quelque "100 millions d'euros" pour 2022 (le montant pour 2023 reste à estimer).
Même préoccupation pour Sylvie Retailleau, la ministre de l'Enseignement supérieur: il ne faut "surtout pas" que le plan de sobriété énergétique des établissements se fasse "aux dépens des étudiants" avec "un retour au distanciel", a-t-elle dit mi-septembre.
Chaque université adopte sa propre stratégie et certaines envisagent des adaptations de leur calendrier.
L'université de Strasbourg a ainsi annoncé sa fermeture deux semaines supplémentaires cet hiver: elle a programmé une troisième semaine de congés de Noël début janvier et une semaine de cours en distanciel en février, une décision dénoncée par les organisations syndicales. Le chauffage y sera par ailleurs allumé "le plus tard possible", à 19 degrés, et une campagne de communication sera déployée "en faveur des éco-gestes" (gestes et actions pour limiter la consommation énergétique).
Les universités d'Orléans et Tours réfléchissent à une fermeture une semaine supplémentaire en février, ont-elles indiqué à l'AFP. La décision est attendue pour les prochaines semaines.
A Clermont-Ferrand, la fac a exclu une fermeture prolongée. Elle allumera le chauffage plus tard que d'habitude, le 7 novembre au lieu du 10 octobre, et jusqu'au 7 avril au lieu de la mi-mai d'habitude.
"Pour nous, le principal levier sur la consommation énergétique, c'est la réduction de la période de chauffage", indique le président de l'université de Clermont Auvergne, Mathias Bernard. Il anticipe une augmentation de la facture énergétique de l'université de 4 à 10% en 2022 et pouvant atteindre...200% en 2023 (la facture est 7 millions d'euros actuellement).
Pour accompagner cet allumage tardif, l'université prévoit d'acheter "des laines polaires et des plaids", principalement à "destination des personnels administratifs", et de "recommander des pauses actives", précise Mathias Bernard. Autres mesures: l'installation d'ampoules Led et la fermeture presque totale des bâtiments à Noël et en février, lors des périodes sans cours.
L'université de Reims a elle remis le chauffage cette semaine. Mais elle compte sur "l'application d'éco-gestes" et une "meilleure organisation" pour être "plus efficace en termes de gestion de l'énergie", indique à l'AFP son président, Guillaume Gellé.
Parmi les pistes: regroupement des enseignements dans des mêmes bâtiments le samedi, ou réflexions sur les économies d'énergie possibles dans les unités de recherche.