Coup d'envoi de l'appli CPF censée booster la formation professionnelle

Le gouvernement a lancé jeudi l'application "MonCompteFormation" censée permettre à chaque salarié ou demandeur d'emploi de s'inscrire directement à une session, sans intermédiaire, dans le but de faire décoller la formation professionnelle à laquelle les Français ont peu recours.

"Unique au monde", "révolution", "réforme la plus importante du quinquennat"... le ministère du Travail ne craint pas les superlatifs pour qualifier son appli "moncompteformation" téléchargeable sur smartphone ou le site internet moncompteformation.fr.

Désormais, un email et un numéro de Sécurité sociale suffiront pour ouvrir son compte personnel de formation (CPF), constater ses droits en euros accumulés au fil des ans, comparer et s'inscrire à l'une des 100.000 sessions de formation certifiante ou diplômante proposées, du CAP fleuriste au web designer.

Le tout en filtrant par mot-clé, géolocalisation, prix... et sans accord de l'employeur si la formation se déroule en dehors du temps de travail.

"C'est lisible, c'est simple (...). Si vous avez besoin de vous renforcer sur des compétences techniques ou managériales, si vous avez envie de changer d'activité ou de creuser votre sillon, qui mieux que vous peut le déterminer ?", a vanté Édouard Philippe au campus de l'automobile à Guyancourt (Yvelines).

Devant le Premier ministre, un déménageur désireux "d'une évolution de carrière" a ainsi téléchargé l'application pour s'inscrire à une formation de cariste. Si l'organisme lui répond positivement, en principe dans les 48 heures, il la financera grâce aux 1.440 euros de son compte.

L'idée est d'encourager les Français à se former alors que des métiers évoluent et que certains peinent à recruter. La page d'accueil de l'application affiche d'ailleurs les métiers qui "recrutent le plus" (conducteur routier, serveur, auxiliaire de vie sociale ou chef de projet informatique).

Objectif, selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud: que "la formation devienne un droit fondamental de notre modèle social".

Aujourd'hui, un tiers des Français se forment au moins une fois par an contre la moitié des Allemands. Les ouvriers deux fois moins que les cadres, les salariés de TPE deux fois moins que ceux de grandes entreprises...

Un retard que les précédentes réformes (droit individuel à la formation, DIF, créé en 2004 et remplacé par le CPF en 2014) n'ont pas comblé, le système restant méconnu et complexe d'utilisation.

Seuls deux millions d'actifs ont utilisé leur CPF depuis 2015 sur un potentiel de 25 millions de salariés et de demandeurs d'emplois. L'objectif du gouvernement, qui prévoit une grande campagne de communication, est de parvenir à un million d'utilisateurs chaque année.

- Quel accompagnement ? -

L'application est le stade le plus visible d'une vaste réforme votée l'an dernier. Depuis le 1er janvier, le CPF n'est plus alimenté en heures mais en euros. Le compte est crédité de 500 euros par an (800 pour les salariés non qualifiés), dans la limite de 5.000 euros (8.000).

Le montant moyen actuel disponible sur un CPF est de 1.040 euros avec un maximum de 3.240 euros pour ceux qui n'ont jamais utilisé ni leur CPF ni auparavant leur DIF.

Le montant moyen des formations disponibles tourne autour des 1.400 euros selon le gouvernement qui mise sur cette transparence des offres pour faire baisser les coûts.

Mais patronat et syndicats questionnent un projet "trop individualisé", soumis à "la fracture numérique", avec le risque que des salariés ne dilapident leurs euros dans des formations pas pertinentes ou peu utiles à l'entreprise.

"L'appli, elle part des individus, on est plus individualiste que les générations antérieures donc on ne peut pas conduire une politique publique comme on la conduisait il y a une décennie", assume-on au ministère du Travail.

Pour la CFDT, le succès de cet "outil utile" mais "pas magique" dépendra notamment de l'accompagnement apporté par les conseillers en évolution professionnelle (CEP) qui sera disponible gratuitement à partir du 1er janvier dans chaque région.

Il restera possible de se former hors CPF, au sein des entreprises ou avec le concours des régions ou de Pôle emploi. A partir de mars, employeurs, branches et collectivités pourront abonder le compte des salariés pour favoriser certaines formations.

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