La préfète de Corse a annoncé mercredi avoir autorisé un projet privé de centre de tri, de valorisation et d'enfouissement de déchets à Viggianello (Corse-du-Sud) afin "d'éviter une nouvelle crise majeure" dès 2020, contre l'avis de la Collectivité de Corse.
La préfète, Josiane Chevalier, a donné son feu vert à la réalisation de ce projet connu sous le nom de Viggianello 2 estimant qu'"à ce jour" c'est "le seul dont la mise en oeuvre pourra être réalisé dans les plus proches délais", la durée des travaux étant estimé "à 10 mois".
"On est au pied du mur", a insisté Mme Chevalier, affirmant que "personne en Corse ne veut revoir des décharges sauvages".
Sans incinérateur, la Corse n'a que deux centres d'enfouissement: celui de Viggianello 1 dont la capacité initiale de 60.000 tonnes par an a été portée à 110.000 tonnes pour 2019 et sera ramené à 59.000 tonnes pour 2020, ainsi que celui de Prunelli (Haute-Corse) qui peut enfouir 43.000 tonnes par an jusqu'à mi-2022. Celui de Viggianello 1 doit s'arrêter à l'été 2020.
La préfète qui doit notamment faire face à une opposition des riverains à ce nouveau projet a souligné qu'elle avait réduit la durée d'exploitation "de 20 ans à 10 ans" et limité "la capacité d'accueil du site à 58.000 tonnes de déchets par an".
La représentante de l'Etat a également assuré respecter le protocole d'accord signé en août 2016 entre l'Etat, la Collectivité de Corse et le Syvadec --l'organisme qui gère les déchets-- qui vise à valoriser 60% des déchets d'ici 2021 en augmentant le tri.
Ce protocole établit la "nécessité de disposer, pendant la période intermédiaire, de trois centres de stockage de déchets non dangereux", a-t-elle indiqué.
Le conseil exécutif corse avait appelé mercredi dernier la préfète à ne pas autoriser ce projet, refusant de "remettre le secteur du traitement des déchets entre les mains d'opérateurs privés".
Le site de Viggianello est fermé depuis samedi par le Syvadec suite au blocage "pour une durée illimitée" d'un collectif de riverains opposé au projet Viggianello 2. Jusqu'à son déblocage, les déchets vont être mis en balle et stockés dans des sites temporaires, la préfète s'engageant à "ne pas réquisitionner" les deux centres d'enfouissement pour accroître leur capacité, comme c'était le cas les années précédentes.
Les déchets triés ne sont pas impactés par ce blocage.
Selon le Syvadec, la Corse a produit en 2018 plus de 236.000 tonnes de déchets ménagers. Elle en a trié 73.000 tonnes (en hausse de 24% par rapport à 2017) et enfoui 163.000 tonnes.