Corse: des riverains opposés à un centre d'enfouissement de déchets en appellent à Macron

Un collectif de riverains opposés à l'ouverture d'un centre d'enfouissement de déchets en Haute-Corse a adressé vendredi une lettre ouverte sur ce sujet à Emmanuel Macron, estimant que ce projet mettrait "sciemment en danger" toute une région.

"Plus que quelques jours pour sauver le deuxième fleuve de la Corse, le Tavignanu, le méandre à la sortie des gorges, qui arrose la plaine d'Aléria, avec ses clémentines corses, et qui débouche sur ses plages romaines", alerte le collectif "Tavignanu Vivu", au sujet du projet de centre d'enfouissement technique (CET) de l'opérateur privé Oriente Environnement sur la commune de Giuncaggio.

Ce projet avait dans un premier temps été rejeté par arrêté préfectoral en novembre 2016. Mais il est revenu dans l'actualité le 3 octobre avec la décision du tribunal administratif de Bastia d'annuler cette décision, un jugement contre lequel le collectif a interjeté appel auprès de la cour administrative d'appel de Marseille.

Demandant que l'Etat lui aussi fasse appel de ce jugement, via la préfecture de Corse, le collectif "Tavignanu Vivu" rappelle dans son courrier que ce CET se trouverait "pour moitié en zone jaune (zone à enjeux environnementaux forts connus) et pour moitié en zone rouge (zone d'exclusion réglementaire)": "Il serait irresponsable et incohérent de la part de l'Etat de ne pas faire appel (...), on pourrait alors lui reprocher d'avoir mis sciemment en danger la population, l'économie et l'environnement de toute une région".

Le conseil exécutif de Corse, présidé par l'autonomiste Gilles Simeoni, avait rappelé après la décision du tribunal administratif qu'il n'était pas favorable à ce site et que celui-ci "n'a jamais figuré et n'a pas vocation à figurer parmi les sites envisagés" pour stocker des déchets en Corse.

Sans incinérateur sur son territoire et dotée de seulement deux centres d'enfouissement, à Prunelli (Haute-Corse) et Viggianello (Corse du Sud), la Corse vit une crise des déchets depuis une vingtaine d'années. En 2018, l'île de Beauté a produit plus de 236.000 tonnes de déchets ménagers. Elle en a trié 73.000 tonnes (en hausse de 24% par rapport à 2017) et enfoui 163.000 tonnes.

Selon un courrier du 7 octobre de la Préfète de Corse, Josiane Chevalier, à Gilles Simeoni, l'île pourrait être confrontée à "une situation de crise sanitaire et environnementale" avec "un déficit de stockage d'environ 80.000 tonnes en 2020 et 110.000 tonnes en 2021".

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