Coronavirus: l'épidémie sous contrôle mais l'urgence sanitaire maintenue

A la veille d'un premier week-end loin de chez eux pour de nombreux Français, l'épidémie est enfin "contrôlée" selon les experts missionnés par le gouvernement, même si ce dernier rappelle que le pays reste dans un état d'urgence sanitaire.

Et après de nombreuses études contradictoires, l'usage de l'hydroxychloroquine contre le Covid-19 continue de faire couler beaucoup d'encre et d'alimenter les débats: l'essai clinique majeur britannique "Recovery" a conclu qu'elle n'avait "pas d'effet bénéfique", ses responsables annonçant l'arrêt "immédiat" de l'inclusion de nouveaux patients pour ce traitement contre le Covid-19.

- "Restons vigilants" -

En France, "le virus recule, mais il circule toujours", a prévenu sur Twitter le ministre de la Santé Olivier Véran, vendredi, avant le premier weekend depuis la suppression mardi de la limitation des déplacements à plus de 100 km du domicile.

"Nous restons en état d'urgence sanitaire. Profitons de la liberté retrouvée mais restons tous vigilants dans la période et surtout n'oublions pas les gestes barrières", a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique chargé de guider les autorités face à la crise sanitaire, a affirmé sur France Inter que l'épidémie était "contrôlée" et que le virus circulait "à une petite vitesse".

La Direction de la Santé avait fait état jeudi soir de 44 nouveaux décès dans les hôpitaux en France, portant le bilan officiel à 29.065 morts depuis le début de l'épidémie. La baisse se poursuivait jeudi en réanimation avec 1.163 malades (contre plus de 7.000 au pic début avril), soit 47 malades de moins en 24 heures.

En ce week-end de Fête des mères, les Français, qui ont pu retrouver depuis mardi les cafés, bars et restaurants dans les zones vertes et les terrasses dans les zones orange (Ile-de-France, Mayotte, Guyane) pourront, grâce à la fin des restrictions de déplacements, aller voir leurs proches dont ils ont été pour certains séparés depuis bientôt trois mois.

Avec la réouverture progressive depuis cette semaine des plages, musées, monuments, zoos ou théâtres, en respectant certaines règles de distanciation ou de port du masque, ils vont aussi pouvoir retrouver le plaisir de renouer avec des loisirs oubliés.

- Quatre scénarios -

Dans ce contexte, le Conseil scientifique, préparant la suite, a publié jeudi un nouvel avis recommandant de se préparer à "quatre scénarios probables" pour les mois à venir, allant d'une "épidémie sous contrôle" à une "dégradation critique".

Le premier scénario, "le plus favorable", envisage seulement quelques foyers "localisés pouvant être maîtrisés".

Le dernier serait celui d'une "dégradation critique des indicateurs" de suivi de l'épidémie, traduisant "une perte du contrôle" de cette dernière.

Un contrôle de l'épidémie "est le plus probable. C'est lié à la fois aux conséquences du confinement, c'est lié au fait que ce virus est peut-être sensible à une certaine forme de température", selon Jean-François Delfraissy, appelant à conserver les mesures de distanciation "assez longtemps".

Avec cette incertitude, l'Assemblée nationale a examiné vendredi un projet de loi qui permettrait à la fois le report du second tour des municipales en cas de regain de l'épidémie de coronavirus et un vote par procuration facilité, s'il a bien lieu le 28 juin.

- "Surinterprétation du protocole" -

Du côté des écoles, la reprise n'est pas assez large au goût de certains parents, comme pour Rachida, à Pantin. "Mon employeur exige désormais ma présence physique trois ou quatre jours par semaine... une vraie galère" pour cette mère célibataire, car ses enfants, "pas prioritaires", n'ont pas eu de place à l'école.

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a dit jeudi espérer que le protocole sanitaire puisse être assoupli "bientôt". Pour la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, "certaines mairies ont surinterprété le protocole sanitaire", souhaitant que "les mairies qui n'ont pas encore ouvert leurs écoles puissent le faire le plus rapidement possible".

Sans doute conscient des enquêtes d'opinions qui ont montré qu'une large majorité des Français jugent sévèrement sa gestion de la crise, le gouvernement pourrait annoncer prochainement la création d'une commission d'enquête indépendante, a-t-on indiqué vendredi de source proche de l'exécutif.

Sur le front de l'urgence sociale et économique, qui prend de plus en plus le pas sur l'urgence sanitaire, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont réuni jeudi syndicats et patronat en quête de solutions pour "sauver l'emploi".

"L'enjeu", a souligné la ministre du Travail Muriel Pénicaud à l'issue de la réunion, c'est de "sauver l'emploi", de "bâtir une nouvelle donne" pour préserver les compétences des salariés.

Parmi les mesures annoncées après cette rencontre de près de trois heures, les entreprises qui recruteront un apprenti du 1er juillet au 28 février bénéficieront d'une aide élargie à l'embauche de 8.000 euros pour les majeurs et 5.000 euros pour les mineurs.

L'économie française, placée sous confinement strict, a sans doute été l'une des plus affectées par la pandémie, selon une note de l'OFCE, qui explique que la France a été victime de son exposition au tourisme, avec des secteurs de l'hôtellerie-restauration et du commerce beaucoup plus importants qu'ailleurs.

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