Coronavirus: critiqué, l'Etat promet plus de masques et protections

La France va pousser les feux dans la production de masques et respirateurs, a annoncé mardi Emmanuel Macron, critiqué pour le manque de protections auquel est confronté le pays, où la barre des 3.000 décès liés au coronavirus a été franchie.

A l'issue de la visite de l'une des quatre usines françaises de masques, près d'Angers (Maine-et-Loire), le président a annoncé que quatre milliards d'euros allaient être alloués à Santé publique France pour financer des commandes "en médicaments, respirateurs et masques".

"Notre priorité aujourd'hui est de produire davantage en France et en Europe", a assuré le président qui souhaite produire "plus de 10 millions" de masques par semaine en France à fin avril pour une "indépendance pleine et entière" d'ici la fin de l'année.

Outre la production de masques (FFP2, chirurgicaux et autres types vu que 85 prototypes ont été homologués), un consortium d'industriels s'est créé avec l'objectif de fabriquer d'ici mi-mai 10.000 respirateurs.

Dans des hôpitaux saturés, avec plus de 5.000 malades en réanimation et plus de 3.000 décès en milieu hospitalier, les soignants - en première ligne - ne cessent de déplorer le manque de protections. Les besoins en masques sont évalués par l'Elysée à 40 millions par semaine pour le personnel soignant et les Ehpad.

Pour répondre aux besoins, la France a dû commander un milliard de masques et organise un "pont aérien" avec la Chine, après une première livraison lundi, une seconde cargaison de 12 millions de masques est attendue mercredi.

Le pays a d'ores et déjà passé "des commandes supplémentaires", selon Emmanuel Macron.

Cinq associations de soignants, patients et juristes ont également demandé au Conseil d'Etat de "contraindre" le gouvernement à réquisitionner les usines permettant de fabriquer les masques, tests et médicaments nécessaires à la lutte contre l'épidémie de coronavirus.

Outre les médecins, les policiers, les pompiers, les caissiers ou les livreurs déplorent le manque d'équipement de protection.

"Il y a un besoin et une demande sociale. On devra accompagner cette sortie de crise aiguë d'une capacité à équiper", a reconnu le président.

Les tests, autre nerf de la guerre contre le coronavirus, vont voir leur capacité croître à hauteur de "50 à 55.000 tests par jour dans une échéance relativement brève", a estimé Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et membre du conseil scientifique consulté par l'Etat.

- Organiser la sortie -

Cette plus grande capacité à tester est une première étape pour organiser la sortie de confinement, qui a démarré il y a exactement deux semaines en France.

"Il est important de voir ce qui va se passer dans les jours qui viennent pour commencer à imaginer à quel moment on pourra dire que le confinement, tel qu'il est organisé aujourd'hui, s'arrête", a estimé le Pr Lina, prévenant qu'"on ne va pas basculer d'un confinement assez strict à une libération complète de toutes les activités".

Alors que les écoles sont à l'arrêt, "entre 5 et 8% des élèves" ont été "perdus" par leurs professeurs qui ne peuvent pas les joindre pour assurer la "continuité pédagogique" souhaitée, selon le ministre de l'Education.

Autre conséquence du confinement, l'aéroport d'Orly fermera ses portes mardi soir pour une durée indéterminée, n'accueillant plus que les vols d'Etat, les vols sanitaires et les déroutements d'urgence.

Dans les hôpitaux mis à rude épreuve par l'afflux de patients, les transferts de malades des régions les plus touchées (Grand Est et bientôt d'Ile-de-France) se poursuivent : après avoir exhorté lundi les autorités à lui accorder "douze transferts tous les jours", la directrice de l'hôpital de Metz, Marie-Odile Saillard, a prévenu mardi qu'il ne lui restait "que 4 lits pour la journée".

Le Grand Est, première région fortement touchée, enregistrait 3.950 hospitalisations, dont 844 en réanimation et 919 décès à l'hôpital.

A Paris, médecins et étudiants en médecine se forment à vitesse grand V aux soins infirmiers pour renforcer les hôpitaux de l'AP-HP. "Plus on aura du personnel infirmier, plus on aura de lits en réa car ces services ont besoin de ce type de soignants", explique Hadrien Scheibert, qui dirige la plateforme gérant les soignants volontaires à l'AP-HP.

-Effets indésirables -

Cette "épidémie inédite, sévère, meurtrière", selon le Directeur général de la Santé Jérôme Salomon, a désormais causé 3.024 décès au total dont 418 au cours des dernières 24 heures - la plus forte hausse journalière depuis le début de l'épidémie, selon un bilan lundi soir.

Et c'est sans compter les décès en Ehpad, communiqués au cas par cas : mardi l'Agence régionale de santé Provence Alpes Côte d'Azur annonçait le décès de 15 résidents d'un Ehpad de Mougins depuis le 20 mars.

L'épidémie a également fait l'une de ses plus jeunes victimes en Europe, une jeune fille de 12 ans en Belgique, après le décès d'une Française de 16 ans la semaine dernière.

Face à ce monstre tueur, "aucun médicament au monde n'a fait la preuve de son efficacité", a rappelé lundi le Pr Salomon qui a également mis en garde contre l'automédication.

En plein débat sur les bienfaits supposés de certains médicaments, notamment l'hydroxychloroquine, l'Agence du médicament (ANSM) a alerté sur les possibles "effets indésirables graves" de certains d'entre eux : "une trentaine" dont "trois décès" chez des patients atteints du coronavirus sont en cours d'investigation.

Le CHU d'Angers a annoncé le lancement d'une vaste étude "aux standards scientifiques et méthodologiques les plus élevés", portant sur 1.300 patients, afin de "clore le débat" sur l'efficacité de ce dérivé de la chloroquine.

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