Contreparties écologiques: l'Assemblée demande des "engagements" aux entreprises, un "leurre" selon la gauche

L'Assemblée nationale a voté jeudi une mesure LREM pour réclamer des engagements écologiques "forts" aux grandes entreprises aidées par l'Etat face à la crise, mais la gauche y voit du simple "greenwashing" et un "leurre", faute de vraies contreparties.

L'amendement des "marcheurs", soutenu par des élus LR, affirme "conditionner" les prises de participation de l'Etat dans les grandes entreprises à des "engagements en matière de réduction de gaz à effet de serre".

Concrètement, ces entreprises de plus de "500 millions de chiffre d'affaires" devront publier chaque année un "rapport" sur leurs "engagements climatiques" et indiquer des "mesures correctives si elles ne les respectent pas".

La mesure, votée en première lecture du troisième projet de budget de crise, propose une amende de 375.000 euros en cas de manquement à ces obligations de publication.

"On met la contrainte sur les entreprises qui ont les moyens de l'assumer", a estimé Olivier Becht (Agir Ensemble), qui veut donner "un peu de temps" aux entreprises "plus petites".

Au MoDem, Patrick Mignola a défendu une "avancée historique", car "c'est la première fois qu'on va poser une éco-conditionnalité aux aides publiques", alors que la LR Véronique Louwagie soutenait cette "écologie incitative".

"C'est un amendement collectif, de compromis", a aussi plaidé le rapporteur général Laurent Saint-Martin (LREM). "Le sujet aujourd'hui, c'est de sauver l'emploi et en même temps de mettre les entreprises sur des rails verts".

Charles de Courson (Libertés et Territoires) a jugé l'amendement "pas révolutionnaire", mais "sympathique".

Les ex-LREM Emilie Cariou et Matthieu Orphelin ont dénoncé le "greenwashing" et des "sanctions inexistantes". Leur groupe Ecologie Démocratie Solidarité a adressé un "carton rouge" à la majorité.

"C'est un leurre", "déjà prévu dans la loi", a aussi jugé l'insoumis Eric Coquerel, pendant que le communiste Jean-Paul Dufrègne reprochait aux "marcheurs" de "ne rien changer".

Aux yeux du ministre délégué aux Comptes publics Olivier Dussopt, ce dispositif est une "avancée importante", car il pose "une bonne trajectoire" en distinguant les aides d'urgence d'un accompagnement de plus long terme des entreprises, conditionné lui à des engagements écologiques.

La gauche et des ONG environnementales réclament des contreparties aux aides apportées à l'automobile ou l'aéronautique. "La majorité valide les chèques en blanc pour les entreprises polluantes", a réagi Greenpeace dans un communiqué.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait assuré que "dans tous les plans sectoriels, des investissements massifs seront engagés pour la transition écologique", notamment chez Air France.