A partir de mardi, 19 millions de Français pourront se faire vacciner gratuitement contre la grippe et le Covid-19, avec l'ambition d'améliorer le taux de vaccination après une épidémie de grippe particulièrement sévère l'hiver dernier.
L'"objectif principal" de la campagne annuelle de vaccination contre la grippe est de "protéger les populations les plus fragiles", rappellent les principales autorités sanitaires françaises.
Elles incitent fortement à profiter de la même occasion pour recevoir les deux vaccins - grippe et Covid-19 - qui peuvent être administrés par de nombreux soignants: médecins, pharmaciens, infirmiers, sage-femmes...
Près de 19 millions de personnes sont concernées en métropole. Il s'agit principalement des plus de 65 ans, mais la population fragile comprend aussi les femmes enceintes et nombre de patients atteints de maladies chroniques.
La vaccination concerne également la grande majorité des soignants.
Toutes ces personnes pourront se faire vacciner gratuitement contre la grippe. Quant au Covid, le vaccin reste remboursé pour tout le monde, même au-delà des publics ciblés par la campagne de vaccination.
L'enjeu, parallèlement au respect des gestes barrières comme le lavage des mains et l'aération, est d'améliorer la couverture vaccinale pour ces deux maladies. Depuis la fin de la crise sanitaire du début des années 2020, les Français se vaccinent moins. L'an dernier, moins d'une moitié l'ont fait pour la grippe et le taux était encore plus faible pour le Covid.
Cette situation a contribué à une épidémie de grippe particulièrement sévère la saison dernière. Elle a causé plus de 17.000 décès, selon l'agence Santé publique France, contre une moyenne annuelle d'environ 10.000 d'ordinaire.
Plus largement, la grippe 2024-2025 a entraîné près de trois millions de consultations et 30.000 hospitalisations, dont une part inhabituellement élevée d'enfants, notamment de moins de cinq ans.
"Le pic observé la première semaine de 2025 dans les hôpitaux" à cause de la grippe "n'avait quasiment jamais (été) atteint", a souligné cette semaine devant la presse Caroline Semaille, directrice générale de l'agence sanitaire.
Les Français "se sont vaccinés trop tard", regrettait-elle.
- Frémissements sur le Covid -
D'autres facteurs ont joué. Les vaccins antigrippaux se sont révélés peu efficaces en eux-mêmes, en particulier chez les personnes âgés, à cause de la circulation simultanée de trois souches du virus.
Pour l'une d'elles, H1N1, "le vaccin n'a pas eu d'efficacité alors qu'in vitro, ça marchait vraiment", a noté Mme Semaille. "On n'a pas d'explication claire."
Cette année, les vaccins sont au nombre de cinq et, pour la première fois, les autorités vont spécifiquement en recommander deux aux plus âgés: l'Efluelda de Sanofi et le Fluad de Seqirus, conçus pour être plus efficaces chez ces personnes.
La vaccination commencera sans que l'épidémie de grippe ait débuté. Dans un premier bilan donné mercredi, Santé publique France n'a signalé que quelques cas "sporadiques" en France, à part la Réunion qui, dans l'hémisphère Sud, sort déjà d'une épidémie.
Les frémissements sont plutôt du côté du Covid. Depuis quelques semaines, la maladie donne des signes de reprise, avec une hausse des consultations et une détection plus importante du virus dans les eaux usées.
Néanmoins, ces deux indicateurs se stabilisent désormais, selon Santé publique France, qui, tout en appelant à la vigilance, ne juge pas la maladie plus présente qu'à la même époque de l'an dernier. Malgré une petite hausse des hospitalisations chez les plus âgés, le Covid ne perturbe pas encore le système de soin.
Les autorités sanitaires sont donc restées fidèles à leur politique de coupler les vaccinations contre la grippe et le Covid, sans avancer cette dernière.
"On n'avait pas les arguments sur le plan épidémiologique pour modifier cette date du lancement du 14 octobre", a assuré Didier Lepelletier, directeur général de la Santé, chargé des campagnes de vaccination avec Mme Semaille.
Il appelle à ne pas s'inquiéter de l'émergence depuis cet été d'un variant, baptisé XFG, nouvel avatar de la grande famille Omicron. Parfois surnommé "Frankenstein", notamment sur les réseaux sociaux, il apparaît potentiellement plus contagieux mais pas plus dangereux à ce stade.
Toujours produit par Pfizer, "le vaccin disponible est efficace sur cette souche", a déclaré M. Lepelletier.
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