Contentsquare, nouvelle "licorne" pour la tech française

Contentsquare, spécialiste de l'analyse des comportements des internautes sur les sites et applications, a annoncé une levée de fonds de 190 millions de dollars qui fait d'elle une nouvelle "licorne", société dont la valeur dépasse un milliard de dollars.

"La valeur de Contentsquare atteint 1 milliard de dollars" dans cette opération, a déclaré à l'AFP un porte-parole de Bpifrance, qui participe à la levée de fonds.

Les "licornes" sont des jeunes sociétés technologiques non cotées qui ont connu une croissance accélérée.

La France est riche en start-up, mais encore relativement pauvres en licornes, une situation que les acteurs du secteur de la technologie et le gouvernement espèrent voir changer dans les prochaines années.

La levée de fonds marque l'entrée au capital de Contentsquare du fonds américain BlackRock Private Equity Partners.

"La plupart des investisseurs existants - Bpifrance, Canaan, Eurazeo Growth, GPE Hermes, Highland Europe, H14 et KKR" ont participé à l'opération, a indiqué Contentsquare.

Contentsquare, qui compte aujourd'hui 650 salariés dont 300 en France, vend un logiciel qui analyse la manière dont les internautes se comportent sur un site (mouvements de la souris ou du doigt sur l'écran, temps passé sur une page, déplacement à l'intérieur du site...).

Le logiciel en tire ensuite des recommandations pour le propriétaire du site, pour lui permettre de maximiser son "taux de conversion", c'est à dire la propension de l'internaute à acheter les biens ou services proposés.

"Nous avons plus de 700 clients et collectons tous les jours 10 milliards de transactions utilisateurs", a expliqué Jonathan Cherki, fondateur et directeur général de Contentsquare.

Cette masse de données permet de comparer l'efficacité de chaque site par rapport aux sites du même secteur, et d'en tirer grâce à l'intelligence artificielle les meilleures recommandations possibles, explique-t-il.

Contentsquare a connu une croissance accélérée ces dernières années. Sa dernière levée de fonds (60 millions d'euros) remontait à janvier 2019, après une autre levée de 20 millions d'euros en octobre 2016.

La France compte moins d'une dizaine de "licornes": Deezer, Blablacar, Doctolib, eFront, Dataiku, auxquelles on peut ajouter les vétérans OVH et Veepee et la franco-américaine Kyriba.

Le destin traditionnel d'une licorne est d'être introduite en Bourse lorsque son succès est bien établi.

"C'est définitivement un chemin que l'on considère, ne serait-ce que pour obtenir l'excellence opérationnelle et la maturité" que le statut d'entreprise cotée requiert, a indiqué Jonathan Cherki.

Mais "il y a encore des possibilités de financement privé", même pour une entreprise ayant atteint le statut de licorne, a-t-il ajouté.

Selon M. Cherki, la crise du coronavirus n'a pas eu d'impact sur le processus de levée de fonds.

"Ce qui s'est passé sur ces trois derniers mois renforce l'importance du canal digital", c'est-à-dire les ventes en ligne que Contentsquare permet justement de maximiser, a-t-il indiqué.

"Des gens se sont mis à commander en ligne et continueront de le faire", a-t-il estimé.

La levée de fonds de Contentsquare est l'une des plus importantes depuis le début de l'année en France, derrière celle d'Ecovadis en janvier (agence de notation RSE, 200 millions d'euros), mais devant celles de ManoMano (place de marché pour le bricolage, 125 millions d'euros) et Backmarket en mai (téléphones reconditionnés, 110 millions d'euros).

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