Plusieurs représentants de TikTok ont défendu jeudi à l'Assemblée nationale le fonctionnement du réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, face la commission d'enquête chargée d'évaluer les effets psychologiques de la plateforme sur les mineurs.
Ils se sont voulus rassurants sur leur politique de modération et l'expérience des 13-17 ans, malgré les nombreuses dérives pointées par les experts et les politiques ces derniers mois.
Le groupe a indiqué employer notamment 509 modérateurs francophones et affirme modérer de manière proactive 98% des contenus enfreignant ses conditions d'utilisation.
"On utilise beaucoup l'intelligence artificielle pour accélérer notre capacité de suppression de contenus problématiques", a insisté Brie Pegum, responsable de la régulation chez TikTok, qui compte plus de 25 millions d'utilisateurs en France.
Confrontée à des contenus sexistes ou encourageant l'anorexie, elle a reconnu que "des erreurs" étaient "inévitables" et que les utilisateurs "sont très créatifs, y compris dans la façon de contourner les règles".
"Mais c'est de la responsabilité de notre équipe d'anticiper ces contournements", a-t-elle ajouté.
Interrogé sur la présence de mineurs se déclarant majeurs, Arnaud Cabanis, responsable de l'activité commerciale France et Benelux, a affirmé que des contrôles, notamment via la reconnaissance faciale, étaient menés lorsqu'il y avait des suspicions de fraude détectées par l'algorithme de TikTok.
Tout en reconnaissant que "ce n'est pas une science exacte" et que la présence de mineurs non déclarés comme tels "est techniquement possible".
Bien que TikTok interdise théoriquement aux moins de 13 ans de s'inscrire, près d'un enfant âgé de 11-12 ans sur deux y est présent, selon des statistiques de l'Arcom, régulateur français du numérique.
Concernant le lancement en France fin mars de TikTok Shop, qui permet d'acheter des produits directement dans l'application, les responsables ont rappelé que cette possibilité n'était pas ouverte aux moins de 18 ans et que l'application ne permet pas le ciblage publicitaire des mineurs, conformément au règlement européen entré en vigueur l'an dernier.
Revenant sur l'audition agitée mardi de cinq influenceurs jugés problématiques, qui a vu le départ prématuré de l'un d'entre eux (Alex Hitchens, de son vrai nom Isac Mayembo), le président de la Commission, le député socialiste Arthur Delaporte, a "regretté l'attitude" de certains, "qui ont manqué de respect envers la représentation nationale".
Les parlementaires, qui ont auditionné plus d'une centaine d'experts et d'acteurs du secteur et mené une consultation publique ayant reçu plus de 30.000 réponses, doivent rendre leur rapport en septembre.