"La situation est assez inquiétante car quasiment toute la France est touchée et on enchaîne les années sèches", en comptant 2019, 2022 et 2023, a commenté Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), jeudi après la publication de son bilan mensuel. Fin février, au sortir de l'hiver, période où les nappes sont censées se recharger avant que la végétation ne reprenne sa croissance, la situation était déjà critique, avec 80 % des nappes métropolitaines à des niveaux bas ou très bas.
75 % à des niveaux bas
Et en mars, malgré un excédent de pluie par rapport aux normales de l'ordre de 40 % au niveau national, c'est à peine si les choses se sont améliorées, constate l'organisme public en charge de la surveillance des eaux souterraines. Ainsi, seuls 40 % des points observés par le BRGM ont augmenté, 32 % sont restés stables et 27 % en baisse. Au global, 75 % des nappes françaises sont modérément basses à très basses, dont 35 % présentent des niveaux qu'on ne retrouve normalement que tous les 5 à 10 ans. Seules les nappes de la Bretagne à la Nouvelle-Aquitaine ont bénéficié "d'épisodes conséquents de recharge". Mais plusieurs autres, en Champagne, dans le couloir Rhône-Saône, le Roussillon ou en Provence/Côte d'Azur, affichent toujours des niveaux inquiétants.
Cela est dû au fait que les pluies sont tombées sur des sols très secs et ont ainsi eu du mal à s'infiltrer en profondeur."
"Cela est dû au fait que les pluies sont tombées sur des sols très secs et ont ainsi eu du mal à s'infiltrer en profondeur", a indiqué Mme Bault.
Une situation d'autant plus préoccupante que la période de recharge de cet automne et cet hiver, particulièrement doux et secs, a été "très insuffisante pour compenser les déficits accumulés" depuis plus d'un an, et est désormais terminée. Le BRGM estime donc que le risque de sécheresse estivale pour certaines régions est désormais "avéré", sauf à connaître des pluies exceptionnelles dans les prochaines semaines.
L'alerte est particulièrement forte pour les départements allant de la Picardie au bassin parisien, ainsi que le centre et le sud-est du pays, qui présentent un risque "très fort" de sécheresse "présageant d'un printemps et d'un été probablement tendus" avec des restrictions d'eau "très probables". Le Var et le sud de la Drôme présentent même des "niveaux historiquement bas", précise Mme Bault.
De quoi craindre une situation pire que l'été dernier, où la sécheresse avait été historique ? C'est possible, répond le BRGM, si le printemps et l'été sont aussi secs qu'en 2022. A fin mars, en tout cas, "le risque est très fort" car le niveau des nappes est actuellement "très inférieur à ceux de 2022". L'an dernier, à la même époque, seuls 58 % des niveaux étaient sous les normales (contre 100 % aujourd'hui). Pourtant à fin août 2022, la quasi-totalité du territoire subissait des restrictions d'eau et 700 communes ont été concernées par des problèmes d'eau potable.
Niveau rouge
Actuellement, une quarantaine de départements métropolitains sont en vigilance, dont une quinzaine en alerte sécheresse (les Bouches-du-Rhône sont déjà en partie au niveau rouge, le pire, interdisant les prélèvements agricoles), selon Propluvia. Selon Météo-France, entre septembre et mars, le déficit de pluie a atteint 10 %. C'est moins que l'année dernière à la même période où il était de 18 %, mais les sols sont actuellement très secs sur certaines régions où il n'a quasiment pas plu.
"Face à l'urgence d'agir, nous ne devons pas avoir la main qui tremble pour prendre les décisions nécessaires", commente auprès de l'AFP le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Il précise que le prochain comité d'anticipation et de suivi hydrologique se réunira le 27 avril et qu'un nouveau guide sécheresse sera publié "d'ici la fin du mois". Le 30 mars, Emmanuel Macron avait annoncé un "plan eau" comprenant 53 mesures destinées à préparer la France à une nouvelle sécheresse cet été, et à plus long terme à s'adapter à une ressource en eau plus rare du fait du réchauffement climatique.
Avec AFP.
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